L’ancien président de l’Assemblée nationale (2008-2018), Aubin Minaku, est revenu vendredi, lors d’une conférence de presse du mouvement « Sauvons la RDC », sur une question qui agite l’opinion nationale : leur silence présumé concernant l’agresseur de la République démocratique du Congo, le Rwanda.
S’il reconnaît la gravité de la situation, Minaku estime que le débat public autour de cette question devient excessif et propose deux pistes : la saisine du Conseil de sécurité de l’ONU ou celle de la Cour internationale de justice (CIJ), voire le recours au dialogue.
« S’il y a un agresseur, il faut saisir le Conseil de sécurité des Nations unies, qui agit sur base du chapitre VII de la Charte des Nations unies. Plutôt que de répéter sans cesse que le Rwanda est l’agresseur, il faut aussi saisir la Cour internationale de justice. C’est cela la responsabilité. Sinon, il reste la voie du règlement amiable. Mais demander à chaque opposant de monter sur un toit pour dire je condamne l’agresseur, cela a déjà été fait », a déclaré Aubin Minaku.
Proche de Joseph Kabila, Minaku a rappelé que le Front Commun pour le Congo (FCC), dont il est membre, a toujours condamné la présence d’armées étrangères en RDC. Il a retracé l’historique du dossier pour souligner que c’est sous le régime Kabila que le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi avaient été officiellement considérés comme des agresseurs, le dernier nommé ayant même été condamné par la CIJ à verser plus de 300 millions de dollars américains à la RDC à titre de réparations.
« Prenez toutes les déclarations du FCC et du PPRD : nous avons maintes fois dénoncé la présence illicite des troupes étrangères en République démocratique du Congo », a-t-il insisté.
Il a également rappelé que le gouvernement de l’époque avait saisi la Cour internationale de justice et la Commission africaine des droits de l’homme dès 1999.
« En 2005, la CIJ a condamné l’Ouganda pour l’occupation illégale d’une partie du territoire congolais et pour divers crimes internationaux. On nous proposait 15 millions, mais le président Kabila a refusé. Finalement, l’indemnisation a été fixée à plus de 300 millions de dollars, que l’Ouganda verse à raison de 60 millions tous les six mois », a-t-il précisé.
Cependant, du côté du gouvernement actuel, la position reste ferme. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, a réagi depuis Washington DC lors d’un briefing de presse. Il a jugé que les conclusions du conclave des Forces politiques et sociales de la RDC, organisé autour de Joseph Kabila, manquent de réalisme.
Selon lui, la famille politique de l’ancien chef de l’État s’est « auto-exclue » du prochain dialogue national pour avoir évité de nommer explicitement l’ennemi : le Rwanda.
Samyr Lukombo