RDC–Rwanda, la paix sur papier, la guerre sur le terrain

Des personnes arrêtées par les rebelles de l'AFC/M23 à Goma
Des personnes arrêtées par les rebelles de l'AFC/M23 à Goma

Le processus de paix entre la RDC et le Rwanda connaît de nouveaux retards. Prévu pour démarrer dès la mi-juin, avec la mise en place d’un mécanisme conjoint de coordination de la sécurité et un calendrier précis, il a rapidement buté sur des désaccords de fond. Les discussions de septembre ont mis en lumière des divergences persistantes, notamment sur le rôle du M23, le soutien présumé du Rwanda et la responsabilité de neutraliser les FDLR. Malgré la fixation du 1ᵉʳ octobre comme date de lancement du « Concept des opérations », le calendrier reste incertain et les tensions sur le terrain alimentent les doutes. À Kinshasa comme à Kigali, la méfiance demeure, et le chemin vers une mise en œuvre effective du processus apparaît semé d’embûches. ACTUALITE.CD vous propose désormais une synthèse hebdo pour vous éclairer sur ce processus.

Accélération recherchée avec Washington
La RDC dépêche une délégation de neuf personnes (experts sécurité, officiers, renseignement) pour dix jours à New York et Washington. Objectif : faire avancer le volet sécuritaire de l’accord en discussion avec les États-Unis, après les entretiens multipliés par Félix Tshisekedi, notamment avec Massad Boulos.

Doctrine affichée par Kinshasa
Le deal visé veut dépasser le simple cadre commercial : puisque les minerais critiques relèvent de la sécurité nationale américaine, l’accord devrait aussi sécuriser la RDC. Échanges en cours sur un appui sécuritaire américain (organisation, équipement, modernisation), sans remplacer l’armée congolaise.

Calendrier clé du mécanisme conjoint
Le 1er octobre 2025 est la date retenue par la RDC, le Rwanda et les États-Unis pour lancer la mise en œuvre du Concept des opérations : neutralisation des FDLR et levée des mesures « défensives » du Rwanda. Décision issue de la réunion des 17–18 septembre à Washington.

Ordre opérationnel et prochaines étapes
Les parties ont convenu d’un Ordre opérationnel pour accélérer le processus. Une nouvelle réunion est prévue à Washington les 21–22 octobre. Selon Reuters, les opérations facilitant la levée des mesures « défensives » rwandaises sont attendues entre le 21 et le 31 octobre.

Phase initiale : préparation, pas d’actions lourdes
À court terme, les « véritables opérations » contre les FDLR sont encore loin. La première phase prévoit sensibilisation, planification, coordination et échanges de renseignements avec les partenaires, si le calendrier est respecté.

Divergences persistantes Kinshasa–Kigali
À l’ONU (25 sept.), Kigali accuse Kinshasa de militariser la région, d’employer des mercenaires, des drones/avions, et de collaborer avec les FDLR ; il s’inquiète des Wazalendo. Kinshasa assume ces volontaires et veut les structurer dans le dispositif de défense.

Désaccords techniques sur les FDLR
Lors des 17–18 sept., divergences sur les effectifs FDLR (estimation rwandaise 2 000–3 000 au Kivu, estimation congolaise 1 500). Kinshasa avait proposé un plan impliquant AFC/M23 et le Rwanda ; refus de Kigali, qui renvoie la responsabilité à la RDC.

Discours de Tshisekedi à l’ONU
Le président congolais appelle à la reconnaissance d’un « génocide congolais » et à une paix qui n’exclut pas justice et réparation. Réplique sur X du chef de la diplomatie rwandaise, Olivier Nduhungirehe, avec accusations contre Kinshasa autour des Wazalendo.

Conférence humanitaire à Paris fin octobre
La France annonce une conférence consacrée à l’est de la RDC fin octobre 2025 (après reports de juillet puis 8 septembre). Enjeu : mobiliser bailleurs, défendre l’accès humanitaire et le financement, alors que la réduction de l’aide américaine a pesé sur les programmes.

Justice internationale et contexte sécuritaire
La CPI a relancé en 2024 ses enquêtes (à la demande de Kinshasa) sur les crimes au Nord-Kivu depuis janvier 2022 ; HRW souligne son sous-financement et des pressions politiques, et plaide pour des chambres mixtes/cour spéciale. Sur le terrain, les violences se sont intensifiées depuis 2021 avec la résurgence du M23 (prises de Goma puis Bukavu).