Le conseiller spécial américain pour l’Afrique, Massad Boulos, a réaffirmé jeudi à New York l’importance de la médiation qatarie dans le dialogue entre le gouvernement congolais et le mouvement M23, tout en saluant de récentes avancées à Doha, notamment un mécanisme d’échange de prisonniers.
« Concernant la RDC : oui, le président Kagame n’est pas là » à l’Assemblée générale de l’ONU, a déclaré M. Boulos lors d’un briefing au Foreign Press Center. « Nous n’avions pas prévu de rencontre spécifique avec lui. Il n’a pas pu venir cette année, mais nous avons bien sûr rencontré le président Tshisekedi. Nous allons aussi rencontrer le ministre des Affaires étrangères rwandais, qui conduit la délégation de son pays. Je le vois demain », a-t-il ajouté.
Selon lui, la médiation engagée à Doha reste « extrêmement importante », malgré « les événements tragiques de septembre » qui ont « probablement retardé le processus de quelques semaines ». « Nous comptons vraiment sur nos partenaires qataris pour faire avancer ce processus très important », a-t-il insisté.
M. Boulos a rappelé que les États-Unis avaient facilité avec le Qatar la signature, le 12 juillet dernier à Doha, de la Déclaration de principes entre Kinshasa et le M23. « C’était une première étape réussie, un bon jalon, qui a donné le ton aux négociations », a-t-il estimé, soulignant que « dès qu’il y aura un accord complet sur le dialogue interne entre le M23 et le gouvernement congolais, tout pourra passer en phase d’exécution ».
Il a confirmé l’existence d’un accord distinct conclu à Doha entre Kinshasa et le M23 sur la libération de détenus, avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) comme intermédiaire. « Cet accord est entre le M23 et le gouvernement congolais, mais facilité par le CICR », a-t-il indiqué, évoquant sa rencontre à New York avec le chef de l’organisation.
Selon Doha, ce mécanisme de libération des détenus constitue « une étape importante vers le renforcement des opportunités d’instaurer une paix durable dans l’est du Congo ». Le CICR sera chargé d’identifier, de vérifier et de faciliter la libération sécurisée des prisonniers détenus par les deux parties.
« Il y a donc de bonnes avancées et de bons progrès à Doha », a insisté Massad Boulos. Après la Déclaration de principes et l’accord sur les prisonniers, « nous travaillons sur un certain nombre de mesures de confiance ». Il a rappelé que les deux parties se sont engagées à « traiter les causes profondes du conflit » identifiées dans la Déclaration de juillet.
Parmi ces causes figurent des questions de gouvernance, de décentralisation et l’intégration ou réintégration des combattants du M23 dans l’armée congolaise ou dans des structures locales. « Ce sont des questions complexes, certaines d’ordre constitutionnel. Elles prennent du temps. Cependant, nous avons un projet de texte, donc beaucoup de travail a déjà été accompli », a-t-il précisé, en soulignant « le rôle énorme » du Qatar dans cette médiation.
« Merci beaucoup pour ce que vous avez dit sur le fait d’être un visage de l’espoir », a conclu M. Boulos à l’adresse des Congolais présents. « J’apprécie énormément cela, et partout où je rencontre des Congolais, que ce soit ici, en Europe ou ailleurs, ils disent la même chose. »