Alors que débute la semaine de haut niveau de la 80e Assemblée générale des Nations unies (AGNU), Kinshasa entend renforcer sa mobilisation diplomatique en faveur de la reconnaissance internationale du génocide congolais. Après les récentes démarches entreprises à Genève, la RDC veut porter ce combat sur la scène mondiale.
Considérée comme le principal rendez-vous diplomatique annuel, cette semaine de haut niveau se tiendra au siège de l’ONU à New York (États-Unis), du 22 au 29 septembre 2025. Elle est placée sous le thème « Mieux ensemble: 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits humains ».
Selon ONU Info, les représentants des 193 États membres de l'ONU, ainsi que deux délégations d'observateurs, prendront la parole lors du 80ème débat général de l'Organisation, qui se tiendra dans l'emblématique salle de l'Assemblée générale. Une série de réunions de haut niveau se tiendra parallèlement dans l'enceinte de l'ONU, afin d'aborder certains des défis les plus urgents auxquels l'humanité est confrontée.
De la guerre et du changement climatique à l'inégalité entre les sexes et aux dilemmes éthiques posés par l'intelligence artificielle, cette semaine de haut niveau, bien plus qu'une tradition, sera l’occasion cruciale pour la communauté internationale d’aborder les crises mondiales, réfléchir, renouveler son engagement et réimaginer notre avenir commun.
Selon toujours la source citée, le débat général qui démarre le 23 septembre 2025 est pour beaucoup le moment fort de la session de l'Assemblée générale. Afin de permettre une programmation efficace de plus de 193 orateurs sur une période de six jours, la durée théorique et volontaire de chaque discours est limitée à 15 minutes. Cette règle est toutefois rarement respectée. Traditionnellement, le Brésil prend la parole en premier, suivi des États-Unis en tant que pays hôte.
À l'heure actuelle, plusieurs dirigeants africains quittent déjà leur pays pour se rendre aux États-Unis d'Amérique. Au niveau de la région des Grands Lacs, si, comme lors de la précédente édition, renseigne nos confrères de Jeune Afrique, le Rwandais Paul Kagame devrait être représenté par l’un de ses ministres, son homologue congolais Félix Tshisekedi fera bel et bien le déplacement. Cette tribune sera l'occasion pour lui d'aborder les différents sujets d'actualités marqués notamment par la détérioration de la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC.
Quel discours pour Félix Tshisekedi ?
Pour nombre d'observateurs, Il sera question pour Félix Tshisekedi de faire un état des lieux de l'accord de Washington signé avec le Rwanda sous les auspices des États-Unis d'Amérique près de trois mois après. À ce stade théoriquement, bien que les échéances prévues, ne soient pas complètement respectées, les membres du comité mixte de surveillance de l'accord se sont déjà réunis à deux reprises et un plan sur la mise en œuvre du cadre d'intégration économique régionale a été également signé. Lors de la dernière réunion, les membres du comité mixte de surveillance de l'accord avaient reconnu la lenteur dans sa mise en œuvre et soulignaient la détermination à assurer son application « complète et rapide ».
Autre point qui sera abordé dans le discours de Félix Tshisekedi sera le processus de Doha, dialogue entre Kinshasa et la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda sous la médiation du Qatar. Depuis la signature de la déclaration de principes en juillet, le processus marque le pas. Les parties en conflit ne cessent de s'accuser en dépit de la signature du mécanisme d'échange des prisonniers. Dans le même registre, les questions relatives à la situation politique et celles à l'environnement surtout à la veille de l'ouverture des travaux de la COP 30 et tant d'autres sujets ne manqueront pas dans l'intervention de Félix Tshisekedi.
Offensive pour la reconnaissance internationale des génocides congolais
Après l'étape de la 60e session ordinaire du conseil des Droits de l'homme des Nations-Unies, Kinshasa va capitaliser la 80eme assemblée générale de l'ONU pour poursuivre son offensive diplomatique pour la reconnaissance des génocides commis sur le territoire congolais.
" En marge de la 80ᵉ session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, le Fonds National des Réparations des Victimes des Violences Sexuelles liés aux Conflits et des Victimes des Crimes contre la paix et la sécurité de l'humanité, FONAREV, en partenariat avec la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et de soutien aux réformes (CIA-VAR) et la Mission permanente de la RDC, organisera une conférence intitulée :« Trente ans de conflits armés en RDC : appel à la reconnaissance des génocides oubliés, à la vérité et à la justice. » ", lit-on sur le compte X du FONAREV.
Selon les organisateurs, cet événement visera à : • Porter un plaidoyer puissant pour la reconnaissance des génocides longtemps passés sous silence en RDC ; • Réclamer vérité, justice et réparations, en instaurant un véritable processus de mémoire et de dignité pour les victimes. Une conférence d’engagement, de sensibilisation et de solidarité internationale.
À l'occasion de la commémoration de l’an 3 du génocide congolais pour des gains économiques (Genocost), initiée depuis maintenant 3 ans, le chef de l'État Félix Tshisekedi avait annoncé une campagne politique et diplomatique que va mener dans les prochains jours le gouvernement en vue d'obtenir la reconnaissance internationale du génocide congolais.
Alors que Kinshasa a toujours considéré la demande de la communauté internationale d'ouvrir ses frontières lors du génocide rwandais comme la cause principale de l'instabilité dans l'Est, Félix Tshisekedi a rappelé à la communauté internationale son devoir moral et politique de soutenir la démarche menée par son pays la RDC de reconnaissance internationale du génocide congolais.
Clément MUAMBA