Après l’attaque des miliciens Mobondo fin novembre, ayant coûté la vie à au moins 22 civils au village Nkana (territoire de Kwamouth) dans le Mai-Ndombe, Human Right Watch (HRW) interpelle Kinshasa sur l'impérieuse nécessité d'accentuer la lutte contre la recrudescence des violences intercommunautaires à travers le pays. L’ONG internationale de défense des droits de l’homme pointe l’incapacité du gouvernement congolais à assurer la sécurité des populations contre les attaques des miliciens, en dépit des multiples avertissements et alertes.
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HRW estime que le récent massacre de Kwamouth ne représente qu’un exemple parmi tant d’autres conflits interethniques à travers le pays, qui font souvent des morts d’hommes. Elle dénonce le fait que toute l’attention soit tournée sur les accords de pacification de l’Est de la RDC, alors que d’autres régions du pays sont embrasées par une autre forme d’insécurité.
«Cette récente attaque souligne l'incapacité du gouvernement congolais à renforcer la sécurité dans la région malgré des avertissements répétés concernant les violences. Les violences à Kwamouth ne sont qu'un exemple parmi de nombreux conflits ethniques meurtriers en RD Congo. L'attention mondiale portée aux accords de paix dans l'est de la RD Congo ne doit pas faire oublier les violences et les injustices qui sévissent sans contrôle ainsi que les cycles d'impunité dans d'autres domaines », a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l'Afrique centrale à Human Rights Watch.
Human Rights Watch dit avoir documenté la mort de 22 civils, dont quatre femmes et quatre enfants. Parmi les personnes tuées figuraient deux fils du chef coutumier du village, le président local de la Croix-Rouge et un fonctionnaire des impôts de la province. Un soldat de l'armée congolaise, qui gardait le village avec un petit contingent de militaires de la marine qui s'est enfui en traversant le fleuve Congo lorsque l'attaque a commencé, a également été tué. Les villageois ont déclaré que les proches des victimes avaient enterré les membres de leurs familles après le départ des assaillants. D'autres ont été enterrés par les soldats à leur arrivée dans le village.
L’ONG relate par ailleurs que le personnel médical de la commune de Maluku, à l'est de Kinshasa, avait affirmé que plusieurs patients étaient arrivés dans un état critique, tandis que d'autres civils blessés avaient fui vers le Congo-Brazzaville par le fleuve pour se faire soigner.
« L'attaque a contraint des centaines d'habitants à fuir vers Maluku ou à traverser le fleuve pour se réfugier au Congo-Brazzaville », ajoute HRW.
Début décembre, le gouvernement congolais avait lancé l’opération de désarmement, démobilisation et réinsertion des miliciens Mobondo, à la cité de Mbakana, située dans les collines de la plus vaste commune de la ville de Kinshasa - Maluku. Ce programme lancé par le ministre de l’intérieur et sécurité avec l’appui du P-DDRCS, vise le désarmement de plus de 3000 combattants Mobondo.
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Samyr LUKOMBO