Le syndicat national des inspecteurs du Congo (SYNIECO) du Nord-Kivu et du Sud-Kivu menace de boycotter toutes les prochaines évaluations certificatives nationales si le paiement intégral et sans délai des intervenants à la hors session de l’Examen d’État 2025 récemment clôturée n’est pas effectif. Le SYNIECO exprime son profond mécontentement face au silence du gouvernement sur le non-paiement des primes dues aux inspecteurs et autres intervenants de l'éducation dans les deux provinces.
Dans une correspondance adressée au Président de la République et envoyée en copie aux autorités nationales ainsi qu’aux responsables du secteur de l’éducation, les inspecteurs de ces deux provinces dénoncent un mépris persistant à l’égard des professionnels de l’enseignement. Ils rappellent que cette situation s’ajoute à une dette « chronique et scandaleuse » datant de 2020, notamment celle relative à l’Examen National de Fin d’Études Primaires (ENAFEP), dont les intervenants n’ont toujours pas été payés.
« Cette négligence répétée et prolongée impacte directement des milliers de citoyens congolais qui ont loyalement servi l'État, garantissant le bon dénouement de nos évaluations nationales », peut-on lire dans la lettre des inspecteurs adressée à Félix Tshisekedi.
À cela s’ajoute le non-paiement des primes d’itinérance et de fonction, déjà servies à leurs collègues dans d’autres provinces éducationnelles depuis l’année dernière. Dans un contexte marqué par l’insécurité persistante, les syndicats regrettent une inégalité de traitement injustifiée.
« Le travail des correcteurs, surveillants et d'autres personnels impliqués dans l'organisation de ces examens est essentiel à la crédibilité de notre système éducatif et à l'avenir de nos enfants. Leur dévouement est aujourd'hui bafoué par un manquement flagrant de l'État à ses engagements financiers. D'ailleurs et spécialement pour nous inspecteurs de nos deux provinces, les primes d'itinérance et pour fonction spéciale telle que déjà servi aux collègues inspecteurs d'autres provinces éducationnelles depuis l'année passée restent toujours inexistante chez nous ! Pourquoi pareille discriminatoire ? », s'interrogent les inspecteurs.
Menace de boycott
Face à l’absence de solutions concrètes, le SYNIECO dans ces deux provinces se dit contraint de boycotter toutes les prochaines évaluations certificatives nationales. Cela inclut l’ENAFEP (Examen national de fin d’études primaires), le TENASOSP (Test National de Sélection et d’Orientation Scolaire et Professionnelle), ainsi que l’Examen d’État édition 2025.
« Cette action bien que regrettable en notre dernier recours pour faire entendre notre voix et exiger le respect de nos droits. Nous ne pouvons plus accepter d'être travailleurs bénévoles pour un État qui ignore ses responsabilités », concluent les inspecteurs.
Cette situation ne se limite pas qu’aux inspecteurs. La semaine dernière, plus de 100 enseignants répartis dans sept groupements du territoire de Masisi (Nord-Kivu) ont également l’impaiement persistant de six mois d’arriérés de salaire. Bien qu’étant mécanisés depuis plusieurs années, ces enseignants affirment n’avoir reçu aucune rémunération depuis janvier 2025.
Dans un mémorandum adressé au gouverneur militaire, ils réclament une intervention urgente du ministère de l’Éducation. La Caritas, en charge du paiement dans la zone, évoque des difficultés logistiques, des explications que les enseignants jugent infondées.
À Rutshuru 4, les écoles sont à l’arrêt depuis mars pour des raisons similaires. Là aussi, les enseignants attendent toujours leurs salaires. Dans certaines écoles, les parents cotisent jusqu’à 5000 francs congolais par semaine pour assurer le minimum d'encadrement.
En mars dernier, la ministre de l’Éducation nationale avait promis que Kinshasa prendrait en charge les enseignants non rémunérés. Trois mois plus tard, cette promesse reste sans effet. Pire encore, la dégradation de la situation sécuritaire, notamment avec l’occupation de plusieurs localités par les rebelles du M23, a interrompu les opérations bancaires dans plusieurs zones, aggravant les retards de paiement. Les syndicats exigent la mise en place de mécanismes alternatifs efficaces pour assurer la paie des enseignants et inspecteurs, notamment dans les zones en conflit.
Josué Mutanava, à Goma