À la suite des consultations citoyennes lancées par Joseph Kabila à Goma, visant à recueillir les préoccupations et propositions de différentes forces vives face aux défis sécuritaires dans l’est de la RDC, le DeskFemme est allé à la rencontre de quelques Congolaises, ce vendredi 30 mai, dans les rues de Kinshasa, pour recueillir leur avis.
Rencontrée au rond-point Victoire, Angélique Kiala, 42 ans, commerçante estime que le moment est venu pour les anciens dirigeants de faire preuve de responsabilité.
« La population souffre trop. Si Kabila peut aider, qu’il le fasse. On ne veut plus de querelles politiques. On veut la paix. Que chacun joue son rôle », dit-elle.
Selon elle, l’appel au dialogue lancé depuis Goma pourrait être porteur d’espoir, à condition qu’il se traduise par des actes concrets.
« On a entendu beaucoup de discours dans ce pays. Ce qu’on attend maintenant, ce sont des résultats ».
De son côté, Christelle Cibola, étudiante en droit, questionne la légitimité de l’ancien président à se présenter comme artisan de la paix.
« Pourquoi parler maintenant ? Kabila a eu plus de quinze ans pour agir, mais l’Est a continué de brûler. On ne peut pas revenir comme si de rien n’était », indique-t-elle.
Elle plaide pour plus de transparence et l’inclusion réelle de la société civile dans les processus de négociation.
« On ne veut plus de dialogues entre hommes politiques seulement. Il faut écouter les populations, surtout les femmes qui subissent cette guerre depuis trop longtemps ».
À Lemba, Clémentine Nakwal, infirmière dans un centre de santé, dit suivre la situation avec prudence, mais garde l’espoir d’une issue.
« Moi, je suis fatiguée. On dirait que ce pays tourne en rond. Que ce soit Kabila ou un autre, si quelqu’un peut vraiment aider, qu’il le fasse. Mais pas pour les caméras ou la gloire », souligne-t-elle.
Assise sous un parasol à côté de son étal de légumes à Matete, Nadine Mbuyi, mère de cinq enfants, se montre plus tranchée.
« On ne veut plus des anciens. Qu’ils laissent la place. Ils ont eu leur chance. Nous, les femmes, on sait ce que c’est que de vivre avec la peur tous les jours. Il faut du neuf », dit-elle.
Si les opinions divergent sur la figure de Joseph Kabila et la portée de son initiative, un consensus se dégage chez toutes les femmes interrogées : la nécessité urgente de sortir le pays de la crise.
« Il n’y a plus de place pour les jeux politiques », conclut Prisca Cilanda, étudiante en droit international.
Et d’ajouter :
« Le pays doit respirer. Et cette fois, qu’on écoute les femmes. Pas seulement comme victimes, mais comme actrices du changement ».
Alors que les discussions engagées à Goma se poursuivent, ces femmes demeurent en attente, suspendues à la suite des événements. Entre espoirs timides et mémoire encore vive des années passées, leur voix s’élève comme un appel à une paix durable, inclusive et sincère.
Nancy Clémence Tshimueneka