RDC–PDL 145 Territoires : la Société Civile force vive du Lualaba peint un tableau sombre de sa mise en œuvre

Les travaux de construction et équipement de l'Ecole Primaire KINTATA 2 dans le Territoire de Seke-Banza
Les travaux de construction et équipement de l'Ecole Primaire KINTATA 2 dans le Territoire de Seke-Banza

Dans la province du Lualaba, le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T), censé symboliser une réponse concrète aux inégalités territoriales, connaît une exécution laborieuse. C’est ce que révèle un état des lieux transmis par la Coordination provinciale de la Société Civile/Forces Vives du Lualaba.

Ce rapport signé par Tambwe Lufungula, adressé à la Gouverneure de province, dresse un constat préoccupant, celui des retards, chantiers abandonnés, ouvrages inachevés, et promesses non tenues.

Le territoire de Lubudi illustre une gestion fragmentée du programme. Si quelques écoles comme l’E.P. Tusaidiane sont en voie d’achèvement, le reste du tableau est sombre. Selon la société civile : les forages d’eau non exécutés, logements du staff administratif inexistants, ponts jamais construits, routes de désenclavement abandonnées.

Pour cette structure citoyenne, la chefferie de Mulumbu cumule tous les retards : « pas d’éclairage public, pas de forages, pas d’infrastructures administratives ni agricoles. Les projets de chaînes de valeur agricole sont restés lettre morte ».

Par ailleurs, dans le territoire de Dilolo, le constat est encore plus alarmant. Plusieurs chantiers, notamment dans les chefferies de Muyeye, Mwakandala ou Ndumba, n’ont tout simplement jamais démarré.

« D’autres se sont arrêtés après l’élévation des murs, sans couverture ni aménagement. À titre d’exemple, l’école EP Tambwe Kulenga à Muyeye se limite à un squelette de béton. Certains bâtiments sont tôlés, mais demeurent sans portes ni fenêtres », peut-on lire dans cette correspondance adressée à la Gouverneure Fifi Masuka.

Les territoires de Sandoa et Mutshatsha : d’autres retards criants

A Sandoa, les Forces Vives dénoncent l’absence d’un véritable démarrage des travaux dans plusieurs localités. La majorité des projets prévus dont des écoles, centres de santé, forages, sont toujours à l’étape de promesse, sans la pose de première pierre.

A Mutshatsha, la situation est à peine meilleure. Certains chantiers ont été lancés, mais l’évolution est jugée trop lente. Des écoles restent inachevées, les logements administratifs non entamés, et les routes agricoles prévues pour le désenclavement n’ont pas connu le moindre coup de pioche.

Ce tableau d’ensemble, établi fin avril 2025 par la Société Civile, pointe du doigt une exécution jugée chaotique du PDL-145T dans la province du Lualaba. La coordination provinciale s’inquiète du rythme d’avancement et évoque des plaintes récurrentes de la population, frustrée par des infrastructures inachevées ou inutilisables. Selon elle, la lenteur est notamment attribuée à des retards de paiement aux entreprises chargées des travaux.

Cependant, la société civile appelle la Gouverneure du Lualaba à interpeller les trois agences en charge du programme à savoir le PNUD, le BCeCo et la CFEF, afin d’assurer la reprise et la finalisation des projets dans les meilleurs délais.

Le proverbe cité dans le rapport en dit long sur l’inquiétude locale : « Construire sans terminer, équivaut à détruire », s’alarme la société civile du Lualaba.

Le défi du développement à la base ne peut être relevé sans rigueur dans l’exécution, la transparence dans la gestion et engagement réel des parties prenantes. Dans le Lualaba, c’est tout le sens du PDL-145T qui est remis en question par les forces vives provinciales.

Ce rapport a aussi été envoyé au Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et des Affaires Coutumières, à Kinshasa, mais également à l’Assemblée provinciale du Lualaba.

Timothée Prince ODIA