La situation sécuritaire dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu) demeure particulièrement volatile, avec une recrudescence des attaques et affrontements entre groupes armés, dont l’AFC/M23. C'est ce qu'a révélé OCHA dans son rapport couvrant la période du 1er au 15 avril 2025.
Dans la nuit du 5 au 6 avril, mentionne le rapport, des éléments armés auraient violé au moins 32 femmes et enlevé neuf jeunes hommes lors d’une attaque du village de Vuhato dans la zone de santé de Kayna, selon des sources locales. Les 9 et 10 avril, des violences armées ont éclaté dans les localités de Kanune et Luhanga puis Mbwavinywa, où deux civils ont perdu la vie, provoquant le déplacement d'environ 4 000 personnes vers Bunyatenge et Masika.
Parallèlement, le bulletin révèle que l'activité persistante des combattants ADF au nord du territoire de Lubero continue de générer d’importants mouvements de population, avec plus de 16 000 nouveaux déplacés (2 307 ménages) enregistrés depuis décembre 2024 dans l'aire de santé de Vuyinga (zone de santé de Musienene). Ces déplacés, majoritairement hébergés par des familles d'accueil, elles-mêmes vulnérables, vivent dans des conditions extrêmement précaires, nécessitant une assistance urgente en protection, nourriture, eau et abris.
“Par ailleurs la présence de restes explosifs de guerre (REG) menace la sécurité des populations dans plusieurs localités du territoire de Lubero, touchées par des affrontements armés. Le 13 avril, une personne a été tuée à Kanyabayonga après avoir marché sur un engin non explosé. Selon les partenaires humanitaires, les zones de santé de Kayna et Lubero ont enregistré quatre incidents de REG avec au moins 10 civils tués depuis janvier. Ces engins, particulièrement nombreux dans les zones agricoles, représentent une menace constante pour les populations locales, notamment les cultivateurs”, renseigne le bulletin.
Par ailleurs, les autorités sanitaires ont confirmé une épidémie d’anthrax, une maladie affectant les animaux, dans le territoire de Lubero. Dix cas suspects enregistrés sont pris en charge dans les zones de santé de Butembo et Lubero, territoire de Lubero.
Territoire de Rutshuru
S'agissant du territoire de Rutshuru, le bulletin révèle que des foyers de tension subsistent dans plusieurs localités, notamment dans la zone de santé de Binza. Entre le 3 et le 6 avril, des affrontements entre groupes armés ont touché plusieurs localités de Bukombo Centre, Muko et Rubona, provoquant le déplacement de plus de 4 370 ménages.
“Ces populations se sont majoritairement réfugiées dans la paroisse et à l’hôpital de Birambizo, où le surpeuplement et le manque d’eau potable exposent les déplacés à des risques sanitaires aigus, notamment d’épidémies de choléra. Depuis le 7 avril, les affrontements ont diminué mais la proximité des positions des belligérants dans les zones de Birambizo et Bambo maintient un risque élevé de reprise des violences”, ajoute le bulletin.
Par ailleurs, entre le 22 mars et le 8 avril 2025, une épidémie d’anthrax a été confirmée sur les cadavres de 47 hippopotames dans le territoire de Rutshuru. Bien qu’aucun cas humain n’ait encore été signalé dans le territoire, la transmission potentielle par voies cutanée, digestive et respiratoire représente une menace sanitaire supplémentaire. Selon le rapport, l'ONG Alima a lancé une campagne de sensibilisation pour limiter les risques, mais une surveillance épidémiologique renforcée et une coordination intersectorielle sont nécessaires pour prévenir une crise sanitaire.
Cette situation intervient alors que les combattants de l’AFC/M23 soutenus par l'armée rwandaise ont conquis depuis le 2 mai dernier Lunyasenge, une localité située à la côte Ouest du Lac Édouard, en territoire de Lubero (Nord-Kivu). Des habitants affirment à ACTUALITE.CD que ces rebelles sont venus par terre des pêcheries de Vitshumbi et Kamandi Gite, les uns empruntant le large du Lac et les hautes terres.
Sur place à Lunyasenge, les rebelles se sont affrontés avec les militaires congolais. A en croire des sources concordantes dans la zone, le bilan serait lourd de deux côtés. Mais jusque-là, seules des images montrant des militaires congolais tués au large du Lac Édouard font le tour des réseaux sociaux.
Clément MUAMBA