Le groupe armé AFC/M23, soutenu par les forces de défense rwandaises, étend son contrôle dans l’est de la République démocratique du Congo, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, a alerté jeudi Bintou Keita, cheffe de la MONUSCO, devant le Conseil de sécurité des Nations unies.
« En février et mars, l’AFC/M23, avec l’appui des forces de défense rwandaises, est entré plus avant dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu », a-t-elle déclaré, évoquant une consolidation du contrôle du groupe sur le territoire de Rutshuru ainsi que sur plusieurs chefferies des hauts plateaux d’Uvira, dans le Sud-Kivu.
Le mouvement poursuit parallèlement son expansion en territoire de Walikale, a-t-elle précisé, notant que « l’AFC/M23 contrôle aujourd’hui de vastes pans des deux provinces » et menace désormais de s’étendre vers les provinces voisines de la Tshopo et du Maniema.
Bintou Keita a également souligné l’établissement progressif d’une administration parallèle par le groupe rebelle. L’AFC/M23 a récemment nommé un gouverneur, deux vice-gouverneurs et un maire à Bukavu, au Sud-Kivu, ainsi que des administrateurs financiers et un délégué à l’extraction minière au Nord-Kivu. Une dynamique qui, selon elle, « rappelle le lien étroit entre conflits armés et exploitation illicite des ressources naturelles dans l’est de la RDC ».
Malgré les multiples appels régionaux et internationaux à un cessez-le-feu immédiat, notamment de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), de la SADC, de l’Union africaine et plus récemment du Qatar, la cheffe de la MONUSCO a reconnu que ces appels n’ont pas encore été suivis d’effet.
Ces déclarations interviennent alors que la situation sécuritaire continue de se détériorer dans l’est de la RDC, en dépit de l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2773 le 21 février, et de la mise en place d’une commission d’enquête indépendante sur les violations graves des droits humains commises depuis janvier 2022.