Alors qu’une « accalmie précaire » s’observe après d’intenses combats à Goma (Nord-Kivu) entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, les agences humanitaires des Nations unies alertent sur une dégradation rapide de la situation humanitaire. Selon l’ONU, l’accès aux populations vulnérables est « sévèrement limité » sur plusieurs axes du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.
Conscient de l’urgence et malgré la perte stratégique de Goma, le président Félix Tshisekedi a rappelé au gouvernement la nécessité de mettre en place un plan d’urgence humanitaire pour tenter de soulager, tant soit peu, les populations affectées.
« Le Président de la République est revenu sur les récents événements malheureux de Goma, qui ont entraîné des coupures d’eau et d’électricité, provoquant un afflux massif de déplacés. Des milliers de personnes se retrouvent sans abri, sans nourriture ni accès aux soins de santé, vivant dans des conditions précaires qui les exposent à la malnutrition, aux maladies et à d’autres dangers. Cette situation met en lumière la nécessité de déployer un plan d’urgence humanitaire, comme il l’a souligné lors de son adresse à la nation du 29 janvier 2025. Il est donc crucial que le gouvernement agisse rapidement, en collaboration avec nos partenaires humanitaires, pour répondre aux besoins des populations vulnérables », indique le compte rendu de la réunion du Conseil des ministres.
Les grandes lignes du plan d’urgence humanitaire destiné aux populations du Nord-Kivu comprend le recensement des déplacés, en identifiant leur nombre, leur profil et leurs besoins spécifiques ; l’évaluation des ressources disponibles pour organiser une réponse efficace ; la mise en place de refuges temporaires, avec des infrastructures de base sécurisées ; l’assistance alimentaire et nutritionnelle, notamment des programmes spécifiques pour les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes, afin de prévenir la malnutrition ; la fourniture de services de santé mentale et de soutien psychologique aux personnes traumatisées par le conflit ; l’approvisionnement en eau potable, via des forages, réservoirs ou camions-citernes ; la création de centres d’éducation temporaires pour assurer la continuité scolaire des enfants déplacés ; et la collaboration avec les agences humanitaires afin de mobiliser les ressources et coordonner les efforts d’assistance
Selon le porte-parole du gouvernement, un rapport d’avancement sera soumis au Président de la République dans un délai de 15 jours, en vue de la mise en œuvre effective de ces mesures.
« Le Président de la République a chargé le gouvernement, sous la coordination de la Première ministre, d’appliquer ce plan d’urgence avec l’implication des ministères sectoriels et des organisations humanitaires nationales et internationales. Il attend un rapport détaillé d’ici deux semaines », a dit Patrick Muyaya.
La ville de Goma fait face à une triple crise : sécuritaire, humanitaire et économique. Les combats entre les FARDC et les rebelles du M23, appuyés par l’armée rwandaise, ont aggravé la détresse des populations locales.
Dans son adresse à la nation, Félix Tshisekedi a annoncé la planification d’une riposte vigoureuse afin de récupérer les localités tombées sous le contrôle de la coalition M23-AFC-RDF.
Malgré les appels insistants de la Communauté internationale et des pays de la région en faveur d’une reprise du dialogue, la situation demeure dans l’impasse depuis l’annulation de la réunion tripartite de Luanda. Si Kinshasa reste attaché à cette initiative, Paul Kagame semble s’en distancer, multipliant les critiques à l’encontre de ce processus piloté par l’Angola.
Clément Muamba