Kisangani : le ministère provincial de l'Urbanisme s'attaque aux constructions anarchiques et aux occupations illégales des maisons de l'État

Rond-point Sikoti à Kisangani
Rond-point Sikoti à Kisangani

Le ministère provincial en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat a lancé, lundi 27 janvier 2025, une vaste opération d’identification des occupants illégaux des maisons de l’État et de déguerpissement des constructions anarchiques érigées sur les servitudes publiques de la ville de Kisangani.

Dans la foulée, une descente sur le terrain a été effectuée par les autorités pour marquer symboliquement les habitations concernées, notamment le long des voies publiques situées en face de l’état-major des FARDC, dans la commune de Makiso.

Selon le ministre provincial en charge de l’Urbanisme, de l’Habitat et des Affaires foncières, André Kongolo Lekosa, la situation foncière à Kisangani est alarmante et nécessite une action urgente.

« L’heure est grave à Kisangani. Nous devons prendre conscience du danger que représente la mauvaise gestion de notre patrimoine foncier. Il est impératif d’arrêter cette dérive et de promouvoir une gestion saine à travers l’application stricte du Code foncier », a-t-il dit.

Depuis plusieurs années, l’État congolais a construit des maisons destinées aux fonctionnaires et agents de l’administration publique, tant à Kisangani que dans d’autres provinces du pays. Ces logements étaient à l’origine réservés aux agents en fonction, garantissant une gestion transparente.

Toutefois, au fil du temps, la situation a dégénéré : spoliation, occupations illégales, morcellement des parcelles, locations et sous-locations abusives, ainsi que des constructions anarchiques sur les servitudes publiques.

Le ministre dénonce une pratique entretenue par certains responsables étatiques.

« Ces constructions anarchiques sont malheureusement encouragées par des responsables eux-mêmes. C’est ce que nous dénonçons aujourd’hui et contre quoi nous menons un combat pour restaurer l’ordre dans le domaine foncier. Fini la récréation, place au travail ! D’où la nécessité de ces opérations d’identification et de déguerpissement », a-t-il ajouté.

Toujours selon André Kongolo Lekosa, certaines maisons de l’État sont désormais considérées par leurs occupants comme des biens privés, privant ainsi la province de ressources essentielles pour financer les projets d’intérêt général.

« Certains fonctionnaires logés dans ces maisons se sont proclamés propriétaires, détournant ainsi des recettes qui auraient dû être affectées aux projets publics. D’autres habitations sont occupées par des personnes sans titre ni qualité, au détriment des véritables agents de l’État », a-t-il indiqué.

Dans une interview accordée à ACTUALITE.CD, Jeef Lioto Mbula, directeur de cabinet du ministre provincial, a expliqué les objectifs de cette opération.

« Il s’agit avant tout de sécuriser le patrimoine foncier de l’État, de maximiser les recettes et d’en finir avec la privatisation abusive des ressources publiques », explique-t-il.

Ces opérations seront étendues aux six communes de Kisangani. Un délai initial de sept jours a été accordé aux occupants illégaux pour se conformer aux exigences de l’État. Toutefois, des prolongations pourraient être envisagées en fonction des imprévus.

Par ailleurs, une phase de sensibilisation est en cours afin d’inciter la population à s’approprier cette initiative et à comprendre ses enjeux.

Cette opération aura des répercussions positives à plusieurs niveaux. Sur le plan environnemental, l’assainissement de la ville grâce à l’élimination des constructions anarchiques ; sur le plan économique, la maximisation et la canalisation des recettes foncières au profit de la province.

« L’identification des occupants illégaux et le déguerpissement des constructions anarchiques auront un impact significatif sur la ville. C’est une étape clé pour améliorer l’urbanisme et restaurer la légalité foncière. », conclut Jeef Lioto Mbula.

Gabriel Makabu, depuis Kisangani