L’actualité de la semaine vue par Thérèse Asha

Photo/ droits tiers
Photo/ droits tiers

De la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC à la prestation de serment de Donald Trump, en passant par la première année du deuxième quinquennat de Félix Tshisekedi, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Thérèse Asha.

Merci de nous accorder de votre temps, Madame. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Thérèse Asha : Je suis une actrice socio-politique et chercheuse en communication pour le développement.

Lors de la prestation de serment de Félix Tshisekedi pour son deuxième quinquennat, le 20 janvier 2024, il a présenté un programme ambitieux de développement basé sur six piliers visant à améliorer la situation politique, économique et sociale de la RDC. Un an après le lancement de ce programme, comment évaluez-vous sa mise en œuvre ?

Thérèse Asha : Il est vrai qu'il est toujours difficile de résoudre tous les problèmes simultanément, mais des avancées sont visibles dans certains domaines. La RDC traverse une période difficile avec l’insécurité persistante à l'Est, mais le président continue de se battre pour l'unité et l'intégrité du pays. C’est d'ailleurs pourquoi un état d'urgence a été décrété dans cette région. Malheureusement, le décès du gouverneur a marqué un coup dur. Cependant, depuis l’année dernière, nous avons observé une baisse des prix des produits de première nécessité, en partie grâce à une réduction des taxes.

Pensez-vous que les six piliers annoncés par Félix Tshisekedi sont suffisants pour répondre aux défis politiques, économiques et sociaux du pays ?

Thérèse Asha : Répondre à ces défis ne se fait pas en un jour. Il faut des sacrifices, de la discipline, de la persévérance et une grande détermination. Pour diriger, il faut établir des priorités. Le Chef de l’Etat a défini des piliers, mais il est important de ne pas se focaliser uniquement sur eux. Chaque ministère a présenté son propre programme, ce qui montre qu’il y a des priorités au sein de ces priorités. Ainsi, il est essentiel de se concentrer sur les priorités les plus urgentes pour avancer.

Selon vous, quels sont les principaux domaines ou actions à améliorer pour accélérer le développement de la RDC et en assurer la stabilité à long terme ?

Thérèse Asha : Pour améliorer le développement de la RDC, il faut avant tout restaurer la paix. Un pays en guerre ne peut pas se développer durablement. Ensuite, il est crucial de développer l’agriculture. La RDC dépense énormément pour importer des biens de première nécessité, alors que le pays dispose d’une richesse naturelle considérable, que ce soit en terres, sous-sols ou forêts. Il suffirait d’organiser ce secteur pour garantir la sécurité alimentaire et relancer l’économie. Il faut aussi une meilleure gestion des recettes publiques et un changement dans le mental des Congolais pour faire face aux défis de notre pays.

Le président Tshisekedi a demandé aux pays occidentaux d’imposer des sanctions ciblées contre le Rwanda, accusé de soutenir le groupe armé M23 qui contrôle une partie de l’Est de la RDC. Quelle est votre opinion sur cette demande ?

Thérèse Asha : La RDC est un État souverain. Après avoir obtenu son indépendance, elle doit préserver son unité et son intégrité territoriale. Parfois, il est préférable d’agir plutôt que de se contenter de formuler des plaintes. Il est essentiel de défendre fermement les intérêts du pays sur la scène internationale.

La position ferme du gouvernement congolais, qui refuse toute négociation avec le M23, est-elle selon vous la meilleure stratégie pour rétablir la paix et la stabilité dans l’Est du pays ?

Thérèse Asha : Bien qu'il soit souvent dit que la guerre ne se termine pas toujours par les armes, négocier avec le M23 reviendrait à réintroduire des préalables qui ne profiteraient peut-être pas aux Congolais. Cette négociation risquerait d’apporter des concessions qui nuiraient à la souveraineté du pays.

Quelles autres alternatives pourraient être envisagées ?

Thérèse Asha : L'offensive militaire reste, à mon avis, la meilleure alternative. Il est crucial de renforcer les capacités des FARDC, de leur fournir les moyens nécessaires et de mener des actions décisives contre le M23.

La justice congolaise a annoncé la vente publique des biens confisqués à Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), et à ses complices, condamnés pour crimes de guerre, trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. Que pensez-vous de cette annonce ?

Thérèse Asha : Sur le plan juridique, la vente est régulière et toutes les procédures sont respectées. Cependant, sur le plan politique, cela semble inopportun. Tôt ou tard, cette affaire pourrait se résoudre par une négociation, et il est préférable de laisser la porte ouverte à un règlement pacifique.

Comment évaluez-vous l'efficacité de la justice congolaise face à ce type d'affaires ?

Thérèse Asha : La justice congolaise joue son rôle, mais l'aspect politique doit également être pris en compte. Il est essentiel de trouver un équilibre entre la justice pénale et les impératifs politiques du pays.

Le président élu Donald Trump s’est installé à nouveau à la Maison Blanche le 20 janvier, après être devenu officiellement le 47e président des États-Unis. Selon vous, quel est l'impact de l’élection de Donald Trump sur la scène internationale ?

Thérèse Asha : Donald Trump reste un opposant aux courants dominants des politiques occidentales. Pour la situation à l’Est de la RDC, son retour pourrait avoir des conséquences positives, notamment en termes de soutien politique. Toutefois, sur le plan économique, c’est à notre pays de prendre les rênes et de chercher à mieux gérer ses ressources pour en tirer un réel bénéfice.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka