L’ancien président de la République, Joseph Kabila Kabange, risque une peine de mort. Jugé par contumace devant la haute cour militaire, le ministère publique a requis la peine capitale en son encontre pour plusieurs chefs d'accusations, notamment la trahison, l’espionnage, le complot ainsi que la participation à un mouvement insurrectionnel. Ensemble pour la République, parti politique de l'opposition, craint que l’issue de ce procès sème “terreur" et “division du peuple”.
Dans une déclaration politique ce samedi, la formation politique de Moïse Katumbi, en exil, s'insurge contre ce qu'elle qualifie de “dérive dictatoriale du régime Tshisekedi” et l'instrumentalisation de la justice, “une arme de répression massive contre tous ceux qui refusent la pensée unique”.
Ensemble pour la République, qui souligne que la paix ne peut découler que d'un dialogue, estime que, exclure Kabila et d'autres opposants peut ouvrir la voie au chaos et vouer les processus de Washington et de Doha à l’échec.
“Depuis cinq ans, le régime Tshisekedi a transformé la justice en machine à broyer les opposants : faux procès, persécutions, enlèvements, arrestations arbitraires, exils forcés, assassinats restés impunis. Aujourd’hui, c’est Joseph Kabila. Demain, ce sera chaque voix libre, chaque congolais qui ose dire NON. Ensemble pour la République réaffirme ardemment que la paix ne naîtra pas de la terreur, mais du dialogue. Exclure un acteur clé comme Joseph Kabila, c’est le pousser ainsi que d’autres encore à la radicalisation et ouvrir la voie au chaos. C’est condamner les processus de Doha et de Washington à l’échec. C’est jouer avec le feu et précipiter la Nation dans un cycle sans fin de violences et de vengeances”, peut-on lire dans le document signé par Dieudonné Bolengeteke Balea, secrétaire général.
Lançant un appel du pied au rejet d'un “simulacre de justice”, Ensemble dit mobiliser en faveur d'un dialogue inclusif, “sous une médiation crédible”, qu'il présente comme une “dernière chance pour sauver la RDC du gouffre”.
Lors de la plaidoirie de ce vendredi 22 août, les avocats de la République ont argué que Joseph Kabila, dont ils contestent sans cesse la nationalité congolaise, n'est pas fils de Madame Sifa, connue comme sa mère biologique. Lui attribuant la nationalité rwandaise, ces hommes de toge ont plaidé pour qu'il soit, en dehors du salve d'infractions qui pèse sur lui, jugé pour d'espionnage. Maître Richard Bondo, chef du collectif des avocats de la République, a par ailleurs exigé des dommages et intérêts de plus de 30 milliards de dollars américains pour les massacres que l'ex chef de l'État aurait commis en collusion avec l'Alliance Fleuve Congo (AFC).
Des membres de sa famille politique ne sont pas restés silencieux. Sur X, jeudi, Néhémie Mwilanya, dernier directeur de cabinet de Joseph Kabila, a fustigé un procès à des fins politiciennes qui, pour lui, représente “un crime d'État.” José Makila Sumanda, ex ministre des transports sous le prévenu, a déclaré que cette affaire contre le sénateur à vie tend à sacrifier l'État de droit.
Après lecture du réquisitoire par le Lieutenant Général Likulia Bakumi Lucien-René, Auditeur général des FARDC, la haute Cour militaire a suspendu la séance pour une reprise dans le délai de la loi.
Samyr LUKOMBO