Maï-Ndombe : un mort et quatre blessés après des tensions entre les communautés Teke et Banunu à Bolobo

Village Masambio Mai-Ndombe
Photo ACTUALITE.CD

Une personne a trouvé la mort et quatre autres ont été blessées vendredi 24 janvier, suite à des affrontements entre les communautés Teke et Banunu à Bolobo, chef-lieu du territoire éponyme. Ces tensions sont survenues en réaction à l'installation controversée d’un chef de terre Teke dans la cité de Bolobo, un acte contesté par une partie de la communauté Banunu.

Selon le gouverneur de la province du Maï-Ndombe, certains individus impliqués dans ces troubles étaient armés de fusils de calibre 12. L’autorité provinciale a précisé que le chef censé être installé n’était reconnu ni par l’administration locale ni par le gouvernement provincial.

Nkoso Kevani, gouverneur de la province, a affirmé que le calme a été rétabli grâce à l’intervention des Forces armées de la RDC (FARDC) et de la police, qui ont récupéré les armes en circulation.

" Il y a la police, la force navale et d’autres services de sécurité qui ont réalisé un travail remarquable pour rétablir la paix. À présent, les trois communautés de Bolobo vivent dans la quiétude. J’ai lancé un message de paix, qui a été bien accueilli. Les armes à feu, notamment des calibres 12, et des armes blanches ont été récupérées par les forces de l’ordre ", a rassuré Nkoso Kevani.

Accusations d’implications politiques 

Le chef de la chefferie, Bongubu Cyprien, a pointé du doigt des partisans du député national Etibako Edindiko, issus de la communauté Banunu, comme principaux opposants à l’installation du chef de terre Teke. Selon lui, Bolobo se trouve dans la chefferie des Bateke-Nord, et la résistance des Banunu à cette installation serait injustifiée.

" Au niveau du territoire, on ne veut pas qu’un Teke puisse être installé comme chef de terre. Les Banunu, qui sont des peuples riverains, s’y opposent alors que le territoire compte aussi d’autres communautés, comme les Sengele. Pourquoi empêchent-ils cette installation ? Lors de la cérémonie, un premier groupe a menacé les participants avant de repartir. Ensuite, un autre groupe d’environ 45 personnes est intervenu pour empêcher l’installation. Cela a abouti à des blessés et un mort, du côté des Banunu ", a déclaré Cyprien, chef de la chefferie.

En revanche, le député national Etibako Edindiko, accusé d’incitation, rejette toute implication dans cette affaire. Il dénonce une manipulation orchestrée par d’autres politiciens locaux visant à semer la confusion.

" C’est archi-faux. C’est de la manipulation. Ce sont des modes opératoires déjà pratiqués à Yumbi. Bolobo a toujours été une entité calme. Certains politiciens manipulent des gens pour créer la confusion. Après vérification, j’ai constaté que la personne devant être installée n’était pas en ordre. J’ai donc demandé à ma base de ne pas participer à cette cérémonie " a déclaré le député Etibako Edindiko.

Malgré les tensions, le chef de terre contesté a été installé, nous confirment les deux parties opposées. 

Un contexte chargé de tensions communautaires 

La détention d’armes par des civils et les tensions persistantes entre les communautés Teke et Banunu à Bolobo ravivent des souvenirs douloureux. En 2018, un conflit entre les Banunu et les Tende avait causé la mort de plus de 500 personnes, selon un rapport des Nations unies.

Dans le territoire voisin de Kwamouth, l’activisme des miliciens Mobondo a récemment causé des milliers de morts et de blessés, ainsi qu’un nombre incalculable de déplacés. Les tensions actuelles à Bolobo font craindre une répétition de ces tragédies.

Jonathan Mesa