La justice congolaise a annoncé une vente publique des biens confisqués à Corneille Nangaa, ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), et à ses complices, condamnés à mort pour crimes de guerre, trahison et participation à un mouvement insurrectionnel. Cette vente, prévue le 30 janvier 2025, a pour objectif d’indemniser les victimes de l’agression armée menée à l’Est de la République démocratique du Congo par des forces soutenues par le Rwanda, selon un communiqué officiel signé par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba.
Les biens concernés incluent plusieurs villas, des terrains et des appartements situés dans des quartiers prisés de Kinshasa. Parmi eux, figurent l’hôtel Castelo sur l’avenue Prince de Liège, des villas sur l’avenue Colonel Tshatshi et à Macampagne, un terrain clôturé à Ngaliema, ainsi que deux appartements dans l’immeuble DIKIN, dans la commune de la Gombe. Ces propriétés, autrefois sous séquestre, avaient été confisquées dans le cadre de l’exécution des arrêts RPA N° 331/2024 et RP 440/441/2024, rendus respectivement par la Haute Cour Militaire et la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe.
Corneille Nangaa a été condamné à mort le 8 août 2024 à l’issue d’un procès impliquant 25 coaccusés, dont cinq étaient présents à l’audience. La défense avait dénoncé un manque de temps pour préparer leur plaidoirie et avait annoncé un appel. L’ancien président de la CENI était accusé de crimes de guerre et de trahison en tant que coordonnateur de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), un groupe insurgé lié au M23. Un rapport des Nations unies publié le 9 janvier 2025 a révélé une chaîne de commandement reliant les autorités politico-militaires rwandaises, le général Sultani Makenga, chef du M23, et Corneille Nangaa, qui aurait agi sous les ordres de Makenga.
Le ministre Constant Mutamba a souligné que cette vente publique constitue une étape importante pour faire respecter la justice et envoyer un message dissuasif. "Tout celui qui trahira le pays subira la même peine", a-t-il déclaré, insistant sur l’importance d’utiliser les fonds pour indemniser les victimes des conflits dans l’Est.
Cette mesure intervient alors que des tensions politiques subsistent autour des accusations portées contre Nangaa, notamment de la part de son frère Christophe Baseane Nangaa, gouverneur du Haut-Uélé. Ce dernier a nié toute implication dans les actes de son frère et a appelé à une clarification des responsabilités. "Je ne peux porter le bilan des forfaitures des Rwandais", avait-il déclaré lors d’un communiqué précédent.
Le procès de Nangaa et les décisions de justice qui en découlent s’inscrivent dans un contexte plus large de lutte contre l’impunité en RDC, un pays où les conflits armés et les accusations de malversations à grande échelle ont alimenté une instabilité prolongée. Selon le gouvernement, cette vente et les réparations qui en découlent visent à offrir un soutien concret aux populations affectées par les violences.