“Unis par le sort, Nous bâtirons un pays plus beau qu'avant dans la paix !”
Tribune des Jeunes Congolais :
Un Appel à la Responsabilité et à l’Action
Les paroles de notre hymne national, “Debout Congolais”, écrites en 1960 par le Révérend Père Simon-Pierre BOKA, résonnent à nouveau comme un vibrant appel à la responsabilité. Aujourd’hui, elles interpellent particulièrement la jeunesse congolaise, alors que notre pays traverse une des périodes les plus tumultueuses de son histoire.
D’un côté, des ennemis intérieurs et extérieurs menacent gravement l’existence de notre nation en tant qu’État souverain. Ces ennemis s’expriment à travers divers mouvements rebelles et terroristes tels que le M23, les ADF, les FDLR, la CODECO, et le MOBONDO, entre autres. À cela s’ajoutent des complicités étrangères, notamment certains pays voisins comme le Rwanda et l’Ouganda, qui soutiennent ces groupes rebelles. En parallèle, certaines multinationales, motivées par des intérêts économiques, alimentent ces conflits en semant désolation et pertes humaines.
D’un autre côté, des ennemis de l’intérieur, souvent naïfs dans leur intention mais néanmoins nuisibles par leurs actes, contribuent à la crise actuelle : des responsables politiques, des citoyens ordinaires, des fonctionnaires, des médecins et des avocats. Par leur incompétence, leur vision étroite des institutions, la corruption et des détournements cyniques de fonds, ils affaiblissent davantage les fondations déjà fragiles de notre nation.
Face à ces multiples menaces, nous, jeunes Congolais issus d’horizons divers, portons sur nos épaules la responsabilité d’un questionnement profond sur l’avenir de notre pays. Le Congo, avec son potentiel immense, doit se transformer et émerger. Nous nous interrogeons sur l’héritage que nos aînés nous laissent ? L’état critique de notre pays dans presque tous les secteurs nous impose d’agir sans délai pour bâtir un avenir à la hauteur des aspirations de notre peuple. Dans cet esprit, nous dressons un état des lieux synthétique de la situation actuelle pour éveiller les consciences et mobiliser notre jeunesse.
1. Situation socio-économique
Le tissu social de notre pays se détériore à un rythme alarmant. L’inflation galopante et la dévaluation de notre monnaie ont réduit drastiquement le pouvoir d’achat des ménages plongeant ainsi une grande partie de la population dans une précarité insoutenable. Le chômage des jeunes, qui reste à un niveau inacceptable, reflète un climat des affaires peu favorable aux initiatives entrepreneuriales. Ces défis, s’ils ne sont pas relevés avec sérieux et innovation, compromettent tout espoir de développement durable.
2. Gouvernance
La corruption, les détournements de fonds publics, le clientélisme, le népotisme et le tribalisme continuent de gangrener l’administration publique. Ces pratiques, érigées en système, détruisent la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants, empêchant ainsi la mise en place d’un leadership efficace pour sortir le pays de l’impasse.
3. Justice et Droits de l’Homme
Les États généraux de la justice n’ont malheureusement pas produit les résultats escomptés. La justice demeure instrumentalisée par les élites politiques, et certains des participants à ces assises ont même cherché à renforcer cette manipulation. Des dossiers judiciaires fabriqués servent à museler les opposants et activistes, beaucoup se retrouvant en détention prolongée, bien au-delà des délais prévus par les lois. Aujourd’hui, en République Démocratique du Congo, la justice reste une arme au service des plus puissants.
4. Infrastructures
L’état désastreux des infrastructures nationales handicape lourdement notre développement. Les voies ferrées vétustes, les routes impraticables et le manque d’accès aux zones agricoles entravent la mobilité des populations et des biens. Les infrastructures sanitaires et éducatives, pour la plupart héritées de l’époque coloniale, sont dans un état de délabrement avancé. Pendant ce temps, seuls les Congolais les plus aisés peuvent se permettre des soins à l’étranger, abandonnant la majorité de la population à un système de santé inefficace et inéquitable.
5. Sécurité
L’état de la sécurité en République Démocratique du Congo est alarmant, mettant en lumière l’affaiblissement de l’autorité de l’État et l’incapacité des institutions à assurer la protection des citoyens sur l’ensemble du territoire national.
Nous condamnons fermement l’agression et l’occupation de plusieurs villages et localités, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, par des groupes armés tels que le M23, soutenus par l’armée rwandaise et ses alliés. La prise de Masisi-Centre par les forces du M23, sous le commandement du général autoproclamé Bernard Byamungu, est particulièrement préoccupante. Il a été arrêté en 2012 pour participation à une rébellion, a été libéré en 2019, peu après l’entrée en fonction du Président Félix Tshisekedi. Ce geste, tout comme la réception de figures comme Thomas Lubanga, accusé par les Nations Unies de soutenir des groupes armés, illustre une approche incohérente et laxiste de la gestion des enjeux sécuritaires.
Nous dénonçons également le phénomène KULUNA, une criminalité urbaine grandissante, orchestrée par des jeunes désœuvrés dans les grandes villes du pays. Cette forme de délinquance, qui plonge des familles dans l’insécurité quotidienne, ne peut être combattue efficacement sans une approche préventive basée sur l’éducation, l’emploi et l’inclusion sociale, plutôt qu’une simple répression policière.
L’insécurité qui gangrène notre pays ne saurait être tolérée plus longtemps. La jeunesse congolaise appelle à une action rapide et décisive pour restaurer la paix et préserver l’intégrité de notre territoire. La sécurité de la République est un droit fondamental auquel aucun Congolais ne devrait renoncer.
6. Tentative de Modification ou de Changement de la Constitution : Une ligne rouge à ne pas franchir
La Constitution, garante de notre démocratie et de notre stabilité, doit être défendue avec fermeté. Toute tentative de changement ou de manipulation visant à prolonger un mandat présidentiel ou à concentrer davantage de pouvoirs dans les mains d’un individu constitue une atteinte grave à l’ordre constitutionnel. L’article 64 de notre Constitution confère au peuple congolais le droit et le devoir de résister à toute forme d’oppression.
Un Appel à l’Engagement
L’heure est venue pour chacun d’entre nous de jouer un rôle actif dans la construction d’un présent pacifique et d’un avenir prometteur. Nous nous engageons à :
Exiger des solutions novatrices pour revitaliser l’économie, notamment à travers une diversification réelle et des réformes structurelles.
Résister à toute tentative de restriction de l’espace politique et défendre les droits fondamentaux de tous les citoyens.
Promouvoir la paix et exiger du gouvernement qu’il prenne des mesures concrètes pour reconquérir les localités stratégiques occupées, telles que Bunagana et Kanyabayonga. La lutte contre le phénomène KULUNA, symbole de la criminalité urbaine, doit privilégier une approche préventive, en offrant aux jeunes des opportunités d’éducation et d’emploi, plutôt qu’une répression excessive.
La jeunesse congolaise demande des actions responsables et transparentes pour restaurer l’ordre et la sécurité, conditions essentielles à la reconstruction de notre nation.
Défendre notre Constitution.
Nous affirmons avec force que la Constitution de la République Démocratique du Congo constitue le socle de notre démocratie et l’une des principales garanties de la stabilité de notre État. Toute tentative de modification ou de changement, visant à permettre à un individu ou à un groupe de s’arroger des privilèges indus, notamment le maintien au pouvoir au-delà des deux mandats constitutionnels, est une menace directe contre notre nation.
La jeunesse congolaise doit comprendre que la Constitution n’est pas un obstacle à la gouvernance efficace de notre pays. Au contraire, elle fixe des limites nécessaires pour empêcher les abus de pouvoir et préserver les acquis démocratiques. En ce sens, toute initiative cherchant à remettre en question cette règle fondamentale constitue une tentative de s’accaparer le pouvoir par des moyens détournés.
Nous tenons à rappeler l’importance de l’article 64 de notre Constitution, qui investit chaque citoyen du droit et du devoir de s’opposer à toute forme de dictature ou de prise de pouvoir par la force. Cette tribune, qui consacre la résistance citoyenne, appelle à une mobilisation générale contre le coup d'État constitutionnel. Nous devons rester vigilants et prêts à défendre ces principes, car ils incarnent l’essence même de notre démocratie.
Ainsi, nous appelons :
À une opposition farouche contre toute tentative visant à changer la constitution ou toute révision cherchant à contourner les dispositions constitutionnelles relatives à la limitation des mandats présidentiels.
À une sensibilisation accrue de la jeunesse congolaise sur l’importance de la Constitution, afin qu’elle devienne un bouclier contre toutes les dérives autoritaires.
À une mobilisation unie et cohérente pour empêcher toute manœuvre visant à éroder les principes démocratiques sur lesquels repose notre République.
Nous croyons fermement que le respect de la Constitution n’est pas une question de compromis, mais une exigence absolue pour garantir la stabilité politique, la justice sociale et l’avenir du Congo. La jeunesse congolaise, consciente de cette responsabilité, ne permettra jamais que ces acquis soient trahis ou détournés.
L’avenir du Congo repose sur nous, la jeunesse. Debout Congolais ! Prenons nos responsabilités pour préserver notre héritage et bâtir une nation forte, unie et prospère.
Les signataires
Nadège MUTUTI Jean-Marc KABUNDA
Cynthia KATANGA Daniel KITENGE
Jenny NGALULA Emmanuel MABUNGUTA
Altesse MULAMBA Joseph EDEBA
Blandia NKUBA André KAKUBU
Nathanael ONOKOMBA Best MULAMBA
Lens OMELONGA Yves DIABIKULWA
Bienvenu MATUMO Cesar TAMBASHIE
Marley VUVU Quersin OKONDA
Crispin TSHIYA Blaine BEYA BEYA
Palmer KABEYA Espoir NGALUKIYE
Jacques ISSONGO Rabbi EPALA
Luc LUKUSA