Le 6 janvier 2025, le Pape François a nommé Simona Brambilla au poste de Préfet du Dicastère pour les Instituts de Vie Consacrée et les Sociétés de Vie Apostolique. Religieuse des Missionnaires de la Consolata, Simona Brambilla devient ainsi la première femme à accéder à une fonction ministérielle aussi élevée au sein du Saint-Siège. Cette nomination a suscité des réactions partagées à Kinshasa, où des femmes rencontrées ce jeudi 9 janvier 2025 saluent cette avancée tout en exprimant des opinions divergentes.
Pour Nathalie Ikansha, assistante à l'Université de Kinshasa (Unikin), ce geste du Pape représente une avancée majeure pour les droits des femmes au sein d’une institution religieuse traditionnellement dominée par des hommes dans les postes de responsabilité. « C’est une grande fierté pour les femmes du monde entier. Le Vatican montre que les femmes ont leur place dans des sphères de pouvoir traditionnellement réservées aux hommes. Cela ouvre des portes pour les jeunes filles de demain », confie-t-elle.
De son côté, Benie Banzila, chargée de communication de l'ONG Femmes de Valeur, considère cette nomination comme un pas important vers une plus grande inclusion et reconnaissance des compétences des femmes dans des structures de pouvoir. "Ce n'est pas seulement une victoire pour l'Église, mais pour toutes les femmes qui aspirent à de nouveaux rôles de leadership. Cette nomination est un symbole puissant du changement. Nous appelons le reste du monde à suivre cet exemple et à reconnaître la place des femmes dans des positions de direction", explique-t-elle.
Les voix en faveur de la modernisation, comme celles de Maguy Mwenga et Gisèle Mbula, toutes deux fidèles de la paroisse Nodasa, s’accordent également à dire que cette nomination envoie un signal fort. "La place des femmes dans l’Église doit évoluer. Elles sont des piliers dans les communautés, et leur expertise mérite d’être reconnue au plus haut niveau", affirment-elles.
Cependant, la nomination de Simona Brambilla ne fait pas l’unanimité. Certains catholiques remettent en question le choix du Pape, estimant que cette décision s’éloigne des traditions de l’Église. "Le Vatican ne peut pas perdre de vue l'enseignement traditionnel de l’Église catholique, qui réserve des rôles de leadership spirituel aux hommes. Même si le Pape veut moderniser certains aspects, il est important de ne pas oublier les fondements de notre foi", précise Zulu, 63 ans, paroissienne de Nodasa. Elle craint que cette nomination puisse semer la confusion dans la doctrine de l'Église.
Albertine Mwenga, fidèle de la paroisse Marie Reine des Apôtres, fustige également cette décision : " C’est bien de vouloir s’adapter au siècle actuel en nommant une femme, mais la parole de Dieu est claire à ce sujet : les femmes doivent se taire dans les assemblées (1 Co 14, 34). Vatican ne serait-il pas en train de nous préparer à voir des femmes prêtres dans un avenir proche ? ", s’indigne-t-elle.
Simona Brambilla a été nommée en vertu de la Constitution apostolique Praedicate Evangelium de 2022, qui permet désormais à des laïcs, y compris des femmes, de diriger un dicastère et de devenir préfets, une fonction auparavant réservée aux cardinaux et archevêques. Depuis octobre 2023, elle occupait déjà le poste de numéro deux de ce dicastère, chargé des ordres et congrégations religieuses, après avoir été nommée membre en juillet 2019 aux côtés de six autres femmes.
Selon Vatican News, entre l’élection du Pape François en 2013 et 2023, la proportion de femmes occupant des fonctions au Saint-Siège et dans l’administration de l’État du Vatican est passée de 19,2 % à 23,4 %.
Nancy Clémence Tshimueneka