L’actualité de la semaine vue par Colette Nyaboma

Photo/ droits tiers
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De la condamnation de militaires FARDC à la peine de mort à la libération des ressortissants chinois arrêtés pour exploitation illégale de minerais dans le territoire de Walungu, en passant par la demande de la Côte d'Ivoire à la France de retirer ses troupes présentes sur son sol, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités.
Retour sur chacun de ces faits marquants avec Colette Nyaboma.

Merci de nous accorder de votre temps, Madame. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Colette Nyaboma : Je suis licenciée en orthopédagogie (Psychologie), membre de la fondation Femar, et entrepreneure dans les perlage et cosmétique.

17 militaires des FARDC ont été condamnés mardi 31 décembre jusqu'à la peine de mort par le tribunal militaire de garnison de Butembo, à Lubero (Nord-Kivu). Ils étaient poursuivis entre autres, pour meurtre et pillage dans le cadre de la guerre contre les rebelles du M23. Quelle est votre position sur la gestion de l'impunité au sein des forces armées?

Colette Nyaboma: Les condamnations de militaires pour des crimes tels que le meurtre et le pillage sont un signe positif de la volonté pour lutter contre l'impunité. Toutefois, cela ne peut être qu'un premier pas. Pour qu'un véritable changement ait lieu, on doit renforcer les mécanismes judiciaires, assurer la transparence et mettre en place des structures de contrôle et de formation pour les militaires, afin qu'ils respectent pleinement les droits de l'Homme.

Selon vous, comment ce procès pourrait influencer la perception de la population vis-à-vis des FARDC et de l'État congolais ?

Colette Nyaboma: Ce procès pourrait avoir un effet ambigu. D'un côté, il pourrait renforcer la confiance de la population dans la justice et l'État congolais, en montrant que même les militaires sont responsables de leurs actes. D'un autre côté, la perception pourrait être négative si la condamnation est perçue comme une réponse symbolique sans suivi concret. L'efficacité du procès dépendra de sa mise en œuvre et de la transparence du processus.

Alors que les militaires congolais sont concentrés pour endiguer l'avancée du M23 soutenu par le Rwanda, les attaques des rebelles affiliés au groupe islamiste des Forces de défense alliées (ADF), continuent dans le territoire de Béni, frontalier avec l'Ouganda. Comment évaluez-vous l'efficacité des efforts de la société civile et des militaires congolais pour restaurer la paix et la sécurité dans cette région déjà fragilisée par des conflits ?

Colette Nyaboma: Les efforts conjoints de la société civile et des militaires congolais pour restaurer la paix dans la région de Béni sont importants, mais restent insuffisants face à la complexité du conflit. La société civile joue un rôle crucial en sensibilisant et en mobilisant les communautés, tandis que les FARDC font face à des défis logistiques et militaires considérables. Il est nécessaire d'améliorer la coordination entre les forces armées et les organisations locales pour une réponse plus efficace et pérenne.

Jean-Jacques Purusi Sadiki, le gouverneur du sud kivu, a dénoncé la libération de 14 ressortissants chinois, arrêtés pour exploitation illégale de minerais dans le territoire de Walungu. Les Chinois, appréhendés pour séjour irrégulier et absence de permis d’exploitation, seraient relâchés par la DGM sur ordre de Kinshasa. Que pensez-vous de ceci?

Colette Nyaboma: Cette situation soulève des préoccupations à propos de la transparence et l'efficacité de l'État congolais dans la gestion de ses ressources naturelles. La mise en liberté de ces ressortissants chinois, malgré leur implication dans des activités illégales, pourrait être perçu comme une forme de favoritisme et un manque de rigueur dans la lutte contre l'exploitation illégale des ressources. Cela pourrait aussi alimenter les tensions locales et nuire à la crédibilité de l'État.

Comment percevez-vous l'impact de cette situation sur la gestion des ressources naturelles en RDC, notamment au regard des préoccupations locales liées à l’exploitation illégale des minerais ?

Colette Nyaboma: L'exploitation illégale des ressources naturelles reste un défi majeur pour la RDC, aggravé par des pratiques souvent opaques et corrompues. Cette situation nuit non seulement à l'économie mais aussi à l'environnement et à la stabilité sociale. Une meilleure régulation, une transparence accrue et un contrôle rigoureux sont nécessaires pour mettre fin à ces pratiques et garantir une gestion plus équitable des ressources naturelles.

Un mois après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale, les enquêteurs ont tenté d'arrêter le président sud coréen à sa résidence officielle, dans le quartier d’Hannam à Seoul. Yoon Suk-yeol est accusé de rébellion et d’abus de pouvoir. Il devait être interrogé, mais ne s’est pas présenté aux multiples convocations des enquêteurs. Quel regard portez-vous sur les dérives autoritaires dans les démocraties contemporaines ?

Colette Nyaboma: Les dérives autoritaires sont un phénomène inquiétant qui se manifeste par des atteintes aux principes fondamentaux de la démocratie, tels que la séparation des pouvoirs, la liberté d'expression et le respect des droits de l'Homme. Ces dérives peuvent éroder la confiance dans les institutions démocratiques et fragiliser l'État de droit. Il est crucial que la communauté internationale et la société civile surveillent et dénoncent ces abus pour prévenir une dérive vers l'autocratie.

En Guinée, une peine de prison de deux ans a été requise contre l’opposant Aliou Bah, accusé d’offense et diffamation à l’encontre du chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya. Quelle est, selon vous, l'importance de défendre la liberté d'expression et les droits des opposants politiques dans des contextes de régimes militaires ou autoritaires ?

Colette Nyaboma: La liberté d'expression est un pilier fondamental de la démocratie. Dans les régimes autoritaires, les opposants politiques doivent être protégés contre la répression. Défendre leurs droits est essentiel non seulement pour garantir la diversité des opinions, mais aussi pour assurer une gouvernance transparente et responsable. Toute atteinte à cette liberté porte gravement atteinte à la stabilité politique et sociale.

La Côte d'Ivoire a récemment demandé à la France de retirer ses troupes présentes sur son sol. Comment analysez-vous cette demande de la part du gouvernement ivoirien?

Colette Nyaboma: Cette demande peut être interprétée comme un signe de souveraineté et un désir de la Côte d'Ivoire de prendre en charge davantage sa sécurité nationale. Elle reflète aussi une volonté de réévaluation des relations post-coloniales et de redéfinition de l'influence française dans la région. Cependant, cette demande pourrait également signaler des tensions sous-jacentes dans les relations bilatérales, et nécessiter une révision des accords de coopération militaire.

Quelles peuvent en être les implications pour la relation entre les deux pays, ainsi que pour la sécurité régionale en Afrique de l’Ouest ?

Colette Nyaboma: Le retrait des troupes françaises pourrait avoir des répercussions sur les relations diplomatiques et économiques entre les deux pays. Cela pourrait aussi influencer la stabilité de la région si la France ne trouve pas d'accord avec d'autres acteurs régionaux pour assurer la sécurité. Ce retrait pourrait, cependant, encourager les pays africains à renforcer leurs capacités de défense collective et à se libérer d’une dépendance historique.

Donald Trump, vainqueur de l’élection présidentielle des USA prêtera serment le 20 janvier 2025. Que représente pour vous son investiture en tant que président réélu des États-Unis ?

Colette Nyaboma: L'investiture de Donald Trump représente un retour à un style de gouvernance plus nationaliste et populiste, marqué par une politique étrangère moins multilateral et plus centrée sur les intérêts américains. Cela pourrait avoir des conséquences sur les relations internationales, avec une possible distanciation vis-à-vis des alliances traditionnelles et une montée de tensions dans des régions stratégiques.

Pensez-vous que la politique de Donald Trump aura un impact sur la diplomatie internationale, en particulier sur les relations entre les États-Unis et la République Démocratique du Congo ?

Colette Nyaboma: Sous un deuxième mandat de Donald Trump, la politique étrangère des États-Unis pourrait se concentrer davantage sur des questions internes et la réduction des engagements internationaux, notamment en Afrique. Cela pourrait nuire à la coopération avec des pays comme la RDC, où les États-Unis jouent un rôle dans la gouvernance, les droits de l'homme et le développement économique. Cependant, cela pourrait aussi offrir des opportunités pour la RDC de diversifier ses partenariats avec d'autres puissances mondiales.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka