Les érosions progressent dangereusement, dévastant les avenues de Kikwit, principale ville économique de la province du Kwilu. Aucune politique publique n'est appliquée pour enrayer ce phénomène, qui prend une tournure alarmante.
D'après une récente étude menée par le département de géographie et environnement de l'Institut Supérieur Pédagogique de Kikwit, 425 têtes d'érosion ont été identifiées, tandis que 365 avenues sont déjà touchées, détruisant des zones d'habitation dans cette deuxième ville du Kwilu. Les quartiers Kazamba, Lukemi et Kanzombi figurent parmi les plus affectés, notamment sous l'effet des pluies torrentielles. Le Boulevard Kanzombi, axe crucial pour l'évacuation des produits agricoles de Bulungu à Kikwit, est désormais impraticable, isolant des centaines de familles.
Selon la société civile locale, la situation est exacerbée par l'absence d'un système efficace de drainage des eaux et une urbanisation anarchique qui fragilise l'ensemble de la ville.
"La ville de Kikwit, si on ne fait pas attention, peut disparaître de la carte, tant de la province que du pays. Il y a 425 têtes d'érosion. Tous les versants, comme ceux des rivières Nzinda, Lwimi, Misengi et Lukemi, ont des têtes d'érosion. 365 avenues sont érodées, c'est-à-dire minées par les érosions. Apparemment, c'est une ville ignorée. Si vraiment nous sommes aussi du Congo, c'est une sorte d'alarme. Qu'on nous prenne aussi en charge", a alerté Laurent Bwenia, président de la société civile de Kikwit.
Des efforts locaux insuffisants
Des initiatives locales ont été menées jusqu'en juillet 2023, notamment dans le quartier Kanzombi, menacé de disparition. Les habitants et ressortissants de Kikwit avaient mobilisé plus de 8 millions de francs congolais, une somme bien insuffisante pour contenir cette menace grandissante.
Le gouvernement provincial du Kwilu a lancé à deux reprises des travaux de lutte anti-érosive à Kikwit, mais ces efforts ont été inefficaces, laissant les dégâts environnementaux s'aggraver de manière inquiétante.
Jonathan Mesa