Le gouvernement congolais, par le biais des ministères de l'Agriculture, de l'Environnement et du Commerce extérieur, tiendra ce lundi un point de presse pour clarifier l'impact du règlement "zéro déforestation" de l'Union européenne (UE), qui interdit l'importation de produits agricoles provenant de zones de déforestation.
Initialement prévue pour entrer en vigueur le 1er janvier 2025, l'application de cette réglementation a été repoussée au 30 décembre 2025, selon les autorités.
La Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans le territoire de Beni, au Nord-Kivu, a récemment alerté le gouvernement central sur l’exclusion des produits congolais, notamment le cacao et le café, du marché européen. Une correspondance adressée au ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku, met en lumière le retrait de ces produits des certifications internationales « Fairtrade » et « Bio ».
« Les opérateurs économiques du secteur d'exportation du cacao et du café ont été surpris de recevoir des notifications de retrait de certification, tel qu’il ressort des lettres de Flocert et d’Africert datant de décembre 2023 et de décembre 2024 respectivement », indique le document consulté par Deskeco.
Pour la FEC, cette exclusion représente un revers majeur, d'autant plus que des efforts significatifs avaient été déployés pour rétablir le cacao et le café congolais sur le marché international avec l’appui de partenaires comme l’UE, USAID, FIDA et la Banque mondiale.
Les organismes de certification, pour leur part, justifient ce retrait par le refus de l’UE d’approuver leur demande de conformité, en raison de l’insécurité persistante dans la région.
« L’absence de certification à partir de janvier 2025 empêchera nos produits d’être commercialisés comme biologiques ou équitables, entraînant des conséquences économiques et sociales graves pour le pays », alerte la FEC.
Selon Mike Ntambwe, directeur général de l’Agence Nationale de Promotion des Exportations (ANAPEX), plus de 400 tonnes de cacao se volatilisent chaque semaine à cause des pratiques frauduleuses, représentant une perte annuelle de 60 millions USD.
« En Ouganda, les exportations ne subissent pas de taxes et sont plus compétitives. Ici, au Congo, les taxes multiples et le coût élevé du transport rendent le secteur vulnérable à la contrebande. Pourtant, nous pourrions atteindre une production de 300 000 tonnes par an si l’exportation était bien encadrée », a-t-il déploré.
Malgré ces défis, les exportations de café de la RDC ont progressé en 2023, atteignant 12 422 tonnes contre 10 729 tonnes en 2022, selon les données de la Banque Centrale du Congo (BCC). Cette hausse témoigne du potentiel de croissance des produits agricoles congolais sur les marchés internationaux.