Livre : "Justice corrompue", une lettre ouverte pour dénoncer "les magistrats véreux"

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Livre "Justice corrompue"

En marge des états généraux de la justice, ce lundi 4 novembre a eu lieu, à la bibliothèque du centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa, le vernissage du livre “Justice corrompue volume 3 - Stop au banditisme judiciaire de nos magistrats véreux : le modus operandi dénudé; lettre objective au magistrat suprême” du maître Zéphyrin Zabo. Cet événement s'inscrit dans un contexte où la lutte contre la corruption et les pratiques judiciaires douteuses est au cœur des préoccupations en République Démocratique du Congo (RDC).

C’est devant un public constitué des journalistes, magistrats, avocats et passionnés de livres que cette œuvre, qui se veut à la fois scientifique et politique, a été présentée au lectorat de Kinshasa. L’activité a commencé par une brève présentation en quelques mots de l’auteur par le directeur de la bibliothèque Richard Ali, avant qu’il ne rende la politesse au maître Charles Mushizi, qui a fait la récession du livre.

Dans son allocution, il dit que l’auteur, à travers ce livre, « tape du poing sur la planche en rappelant qu'il y a une sorte de banditisme dans le fonctionnement de la justice institutionnelle en République démocratique du Congo. et qu’il n'y a pas que du banditisme, mais aussi des personnes qui sont foncièrement véreuses ».

Charles Mushizi a loué l'effort conjugué par l'auteur, celui de dénicher justement les méthodes par lesquelles « les corrompus, les bandits et opèrent ».

« Maître Zéph essaie de structurer sa pensée autour d'une dizaine de chapitres, les uns étant complémentaires aux autres. D'abord il critique le mode opératoire qu'il a déjà décelé bien entendu. Et il approche des professionnels, notamment des magistrats, qu'il cite dans le livre et qui lui font des révélations spontanées sur la manière avec laquelle effectivement cette coopération, cette corruption plutôt, opère dans le milieu judiciaire », explique-t-il.

Et d’ajouter :

« Mais ces deux mauvais éléments qui se sont incrustés dans le fonctionnement de la justice institutionnelle opèrent avec une approche qu'ils mettent à nu et ils parlent de modus operandi dénudés. Il est normal que ceux qui corrompent ou ceux qui reçoivent la corruption puissent se cacher parce qu'ils savent qu'ils nuisent à la société ».

À travers "La justice corrompue", l’auteur cherche à atteindre la sphère plutôt des institutions publiques en une fois, à parler à tous les Congolais en une fois, mais en étant le plus efficace, et veut parler à la personne qui a la capacité de l'action sur les hauts. Il écrit donc une lettre objective au président de la république, qu’il titre "lettre ouverte au magistrat suprême".

S’en est suivi l’intervention de Patient Ligodi, qui s’est beaucoup plus appuyé sur la réflexion de l’auteur sur la liberté d’expression. Dans son ouvrage, Zéphyrin Zebo met en lumière notamment l’infraction des propagations des faux bruits, chose qui n’a pas laissé ce journaliste indifférent.

« Ce qui m'a, moi personnellement, le plus marqué dans cet ouvrage, c'est la réflexion sur la liberté d'expression. Zebo met en lumière, par exemple, une infraction, l'infraction des propagations des faux bruits. C'est à la une ces derniers jours. Une infraction que l'auteur qualifie d'anachronique. Une infraction utilisée comme une arme politique pour faire taire surtout ceux qui ont le courage de s'exprimer, comme des écrivains comme lui, comme Maître Charles, comme les autres qui écrivent, des journalistes qui sont aussi dans la salle, des membres de la société civile que nous avons également dans cette salle », a-t-il dit.

Pour soutenir son argumentaire, Ligodi a emprunté deux concepts aux économistes. En premier lieu, l’information comme "bien public"; et en second, l’information comme "bien sous tutelle".

« L'information est-elle bien public, ça veut dire qu'elle est non rivale, en clair, sa consommation par une personne n'empêche pas sa disponibilité pour d'autres. Elle est aussi non exclusive, c'est-à-dire parfois difficile à restreindre. Cela signifie qu'elle doit être accessible à tous car elle est essentielle à la démocratie. Lorsque l'information est entravée, c'est la capacité des citoyens à s'informer et à participer au débat public qui est en danger », a-t-il enrichi.

Un appel à la réforme judiciaire

L’auteur a exprimé, lors de ce vernissage, son optimisme quant aux réformes en cours dans le secteur judiciaire, notamment sous l'égide du ministre de la Justice actuel. « J'ai écrit ce livre en 2023. Avec l'avènement de l'actuel ministre de la Justice, moi et tous les autres justiciables congolais avons trouvé un allié de taille pour mettre fin à la corruption et aux mauvaises pratiques judiciaires », a-t-il déclaré.

Le secteur judiciaire en RDC a longtemps été critiqué pour son manque d’efficacité et son implication dans des pratiques corruptives. Le lancement de ce livre intervient alors que la société civile et les acteurs politiques appellent à un assainissement de la justice. « Ce livre est mon apport aux travaux des états généraux de ce secteur », a précisé Zabo, mettant en lumière l’engagement des citoyens envers un système judiciaire plus transparent et responsable.

Les participants à l'événement ont salué l'initiative de l'auteur et l'importance de son message. Plusieurs intervenants ont exprimé leur soutien à l’idée d’un livre qui met en avant les avancées tout en dénonçant les dérives. Les discussions ont permis de réfléchir ensemble sur les défis à relever pour une justice équitable en RDC.

Du 6 au 13 novembre, à Kinshasa, ont lieu les états généraux de la justice, sous la houlette du ministre Constant Mutamba. Ces assises axées sur le thème: «Pourquoi la justice congolaise est-elle qualifiée de malade ? Quelle thérapie face à cette maladie ?», ont pour objectif d’apaiser les tensions de la société. 

En appelant à un soutien collectif aux actions gouvernementales, l’auteur espère inspirer un mouvement vers une justice plus juste et efficace, bénéfique pour tous les Congolais.

James M. Mutuba