Dans un effort pour lutter contre la congestion routière, la Commission Nationale de Prévention Routière (CNPR) a annoncé samedi de nouvelles mesures pour améliorer la fluidité du trafic à Kinshasa. Valère Mfumukani, Directeur Technique de la CNPR, a détaillé ce plan lors d'une conférence de presse organisée au siège de la CNPR, dans la commune de la Gombe.
« Sur instruction du Vice-Premier Ministre, Jean-Pierre Bemba, nous mettons en place des mesures expérimentales pour désengorger les axes routiers les plus fréquentés de la ville », a déclaré M. Mfumukani. Ces initiatives, qui entreront en vigueur dès dimanche, incluent des changements de sens de circulation sur certaines avenues à des heures spécifiques, ainsi que le renforcement de la présence policière pour réguler le trafic.
Une ville en pleine expansion démographique et urbaine
Kinshasa, qui s'étend sur 9 965 km² le long de la rive sud du fleuve Congo au niveau du Pool Malebo, est en proie à une urbanisation rapide. D'ici 2030, la population de la capitale devrait atteindre 20 millions d'habitants, et 26 millions d'ici 2040, ce qui en ferait la deuxième ville la plus peuplée d'Afrique subsaharienne, juste après Lagos au Nigeria. Cette croissance démographique rapide accentue les défis en matière de transport et d'infrastructures, contribuant à une congestion routière persistante et à une perte économique pour la ville.
Des mesures ciblées pour réduire la congestion aux heures de pointe
Pour la partie est de la ville, la CNPR prévoit de rendre certaines routes à sens unique aux heures de pointe. La voie rapide allant du pont Matete jusqu'à l'aéroport de N’djili bénéficiera d'un renforcement de la présence policière aux carrefours clés pour améliorer la fluidité du trafic. L'entrée Apocalypse sera fermée, et la circulation sera unidirectionnelle entre 5h et 10h, puis de nouveau entre 15h et 21h sur l'axe allant du marché de la Liberté à la première entrée de Ndjili. Entre ces périodes, la circulation sera normale.
Pour la partie ouest, l’avenue Ouganda et l’avenue du Tourisme feront également l'objet de changements temporaires. L’avenue Ouganda sera en sens unique de 5h à 10h depuis Météo, avec des ajustements pour éviter les infractions de circulation. En fin de journée, la direction sera inversée à partir de 15h. L'avenue du Tourisme, après le rond-point Lyon et à l'entrée du pont Mimosa, sera en sens unique le matin de 5h à 10h, puis changera à nouveau de sens dans l'après-midi.
Optimisation des infrastructures existantes
Le boulevard Mondjiba, autre axe majeur de Kinshasa, verra l'utilisation d'une quatrième bande de circulation, de Kitambo-Magasin à la gare centrale. De 5h à 10h, cette bande sera réservée à un sens unique pour faciliter les déplacements matinaux. À partir de 15h, la circulation sur cette quatrième bande sera inversée pour permettre le retour des véhicules vers Kitambo-Magasin, tandis que les trois bandes habituelles resteront en sens normal.
« Ces mesures visent à réduire la congestion chronique que connaît la capitale. Nous espérons que les Kinois comprendront l'importance de ces ajustements temporaires pour améliorer la mobilité », a ajouté M. Mfumukani. Il a précisé que la présence policière renforcée aux intersections permettra de garantir le respect de ces nouvelles directives et d'assurer la sécurité des usagers.
Des défis persistants pour le transport public et ferroviaire
Malgré ces efforts, Kinshasa doit encore faire face à des défis majeurs en matière de transport. Les transports publics restent sous-développés, dominés par des chauffeurs privés et individuels, faute d'une réglementation suffisante. TRANSCO, la société publique de transport, peine à répondre à la demande d'une population en croissance rapide.
Le transport ferroviaire, limité, ne couvre qu'une seule ligne reliant la Gare Centrale à Kasangulu, avec des services restreints. Ce manque d'infrastructures contribue à la dépendance accrue des Kinois vis-à-vis des véhicules privés, ce qui intensifie la congestion.
Une projection inquiétante pour l'avenir
Selon le plan directeur des transports urbains de Kinshasa, établi avec l'aide du Japon en 2018, la ville doit anticiper une forte augmentation du nombre de véhicules. En 2040, ce nombre devrait être 6,3 fois plus élevé qu'en 2017, accentuant la nécessité de mesures préventives. Le taux de déplacements, qui devrait croître avec l'augmentation des revenus et de la possession de véhicules privés, représente un autre défi pour la planification urbaine.
Ces nouvelles mesures de circulation, bien que temporaires, s'inscrivent dans un cadre plus large visant à améliorer la mobilité urbaine à Kinshasa. Les autorités espèrent que ces ajustements contribueront à limiter les embouteillages et à soutenir une urbanisation mieux maîtrisée pour les années à venir.