AWF a clôturé son projet sur la « lutte contre le trafic illégal des espèces sauvages en RDC » après plus de 2 ans d’implémentation

Les parties prenantes au projet AWF sur la lutte contre le trafic illégal des espèces sauvages en RDC lors de l'atelier de clôture, le 24 septembre 2024
Les parties prenantes au projet AWF sur la lutte contre le trafic illégal des espèces sauvages en RDC lors de l'atelier de clôture du projet, le 24 septembre 2024

L’ONG African Wildlife Foundation (AWF) a organisé, mardi 24 septembre, à Kinshasa, un atelier pour marquer officiellement la clôture de son projet sur la lutte contre le trafic illégal des espèces sauvages en RDC. Ce projet, débuté le 30 septembre 2021, a connu une extension d’une année.  Des différentes réalisations dans le cadre dudit projet aux leçons apprises et recommandations en passant par les principaux résultats obtenus et défis majeurs rencontrés dans son implémentation, tout a été passé au peigne fin lors de cet atelier avec les différentes parties prenantes au projet ainsi qu'une délégation AWF venue du Kenya. 

C’est à l'hôtel Royal de la capitale que cette séance d’une journée s’est déroulée. “ Réduire la capacité des groupes criminels à pratiquer et à tirer profit du braconnage et du trafic d’animaux protégés et de leurs sous-produits provenant de ou transitant par la RDC ”, tel a été le principal but de ce projet, qui a été mis en oeuvre en partenariat avec l’ONG Juriste pour l'environnement au Congo (JUREC) et en collaboration avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).

A en croire Maître Joe Kasongo, senior légal officer AWF, plusieurs besoins spécifiques ont concouru à la mise en œuvre de ce projet. Il a notamment cité le manque d’expertise dans l’identification des produits illicites de la faune et les méthodes de dissimulation ;  le manque de coopération entre les forces de l’ordre ; le manque d’approfondissement des enquêtes ou encore le manque de peines dissuasives et exemplaires. 

Deux sites ont servi de cadre pour implémenter ce projet. Il s’agit des villes de Kinshasa et Matadi, en raison des deux grandes frontières internationales qu’ils abritent que sont l’aéroport international de N’djili et le port de Matadi, indexés par des analyses comme les deux principaux points de sortie des produits illégaux de la faune en provenance de ou transitant par la RDC.

« Le projet a contribué aux efforts nationaux de la répression de la criminalité faunique en élaborant et en mettant en œuvre les documents de travail pour non seulement faciliter l’identification des espèces mais aussi pour poursuivre et condamner les trafiquants des espèces de faune sauvage. Il a aussi permis l’installation d’un pool d’OPJ rattaché à la direction générale de l’ICCN et à la mise en place de la task force composée des agences et des institutions publiques agissantes aux frontières pour pérenniser les acquis », a déclaré, dans son discours, Antoine Tabu Senga, directeur pays de AWF.  

En dépit de tous ces efforts, il a souligné que « les statistiques les plus alarmantes en termes de trafic illégal des espèces de faune sauvage pointent la RDC comme l’un des principaux pays d’origine voire de transit de la plupart des espèces de faune saisies à travers le monde ». D’où, a-t-il expliqué, la nécessité de la poursuite de la lutte contre la criminalité faunique. 

Plus de 150 agents et cadres formés, près de 850 manuels imprimés et distribués 

Plusieurs réalisations sont à mettre à l’actif du projet. Parmi celles-ci : une formation en six sessions a été organisée à l’intention de plus de 150 agents et cadres de la Direction générale des douanes et accises (DGDA), de l’Office congolais de contrôle (OCC), de la Direction générale de migration (DGM), de la Régie des voies aériennes (RVA), et de l’Office national de transport S.A (ONATRA) du port de Matadi et de l’aéroport international de N’djili sur l’identification des espèces, les techniques d’identification des spécimens commercialisés illégalement, les méthodes de dissimulation utilisées par les trafiquants ainsi que les notions des droits humains et leur implication dans l’application dans l’application de la loi. 

Toutes ces agences ont bénéficié, fin septembre 2023, des matériels de gestion de scènes de crime. Huit (8) OPJ ont été formés et ont prêté serment. Quatre (4) investigations ont été menées à Kinshasa par les OPJ et deux (2) autres au port de Matadi et à l’aéroport de N’djili. Au total, 840 manuels ont été imprimés et distribués durant le projet. 

Ces réalisations ont permis de renforcer la compréhension autour du défi sur la question de lutte contre le braconnage, d'asseoir un nouveau paradigme de lutte contre ce trafic illégal et/ou surtout de mettre en place une task force d’un cadre de collaboration entre les différentes institutions comme la DGM, la DGDA, l’OCC, la RVA, l’ONATRA, et l’ICCN. 

Des OPJ déjà à pied d’oeuvre, quelques saisines signalées 

Le projet porte déjà ses fruits. Selon maître Joe Kasongo, ce sont, par exemple, des OPJ de l’ICCN formés dans le cadre dudit projet, qui ont interrogé les trafiquants d’une cargaison de perroquets gris saisis par les autorités turques le 19 août dernier, alors qu'ils étaient en transit pour l'Irak et la Thaïlande en provenance de Kinshasa. Ce n’est pas la seule histoire à succès. Toujours d’après ce sénior légal officer AWF, les agents formés ont récemment réussi à saisir une boîte de lait contenant des écailles de pangolin. Ajouter à cela l'intérêt dont l’Onatra et la DGDA ont récemment fait montre quand ils ont approché AWF pour demander d’élargir cette formation à d’autres agents de leurs structures.  

« Aujourd’hui, à travers ce projet, il y a une bonne collaboration entre les 5 agences qui ont pris part au projet et l’ICCN. Avant, il y a eu beaucoup d’interférences et de complications pour faire des interventions ou avoir des informations. Grâce à ce projet, nous avons capitalisé la coopération interagences. C’est ce qui se fait déjà. Toutefois, il y a encore du travail à faire, même si nous sommes déjà sur la bonne voie. Notre pays, sur le plan spatial,  a 9 frontières alors que le projet n’a pris en compte que deux frontières », a témoigné, à Actualité.cd, Andy Ntoba de la CITES/ICCN. 

AWF est implanté en RDC depuis 2004 en appui à l’ICCN. L’ONG implémente actuellement une nouvelle vision qui s’étend sur 10 ans soit depuis 2020, laquelle consiste à assurer la prospérité de la faune et d’état sauvage en Afrique. Le projet portant sur la lutte contre le trafic illégal des espèces sauvages en RDC rentre dans le cadre de la troisième approche de cette nouvelle vision où l’AWF accompagne l’ICCN dans la lutte anti-braconnage dans les aires protégées à travers l’organisation des patrouilles, le renforcement des capacités des éco-gardes, et autres agents de l’ICCN dans l’application de la loi, leur formation en qualité d’OPJ pour la poursuite des infractions liées à la criminalité faunique. 

Japhet Toko