La ville de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, fait face à une recrudescence inquiétante d'incendies. Cette situation préoccupe la population locale ainsi que les acteurs de la société civile. Interrogé par la presse samedi 14 septembre à Kinshasa, Luganywa Bashizi Didier Kabi, porte-parole du gouvernement provincial du Sud-Kivu, a révélé qu'une enquête a été lancée pour déterminer les causes de ces incendies. Il a indiqué que plusieurs de ces feux étaient d'origine criminelle, tandis que d'autres résultaient de la mauvaise urbanisation de Bukavu.
"Au terme de cette enquête, nous avons constaté que plusieurs incendies sont criminels. Des enfants non encadrés, surnommés 'Mayibubu', sont payés par des opérateurs économiques pour récolter des mitrailles, des tôles et d'autres objets contenant du fer. Ces mitrailles sont ensuite vendues à des réseaux opérant entre l'Ouganda et le Rwanda. Cela a considérablement contribué à la recrudescence des incendies", a expliqué le porte-parole du gouvernement provincial, en séjour à Kinshasa.
En plus de cette collecte illégale, la mauvaise urbanisation de Bukavu a été pointée du doigt. "Le gouverneur a hérité d'une ville morcelée, avec des parcelles de 5 mètres sur 5 ou 5 mètres sur 10 en plein centre-ville, où les habitations sont majoritairement en bois. Ces conditions favorisent la propagation rapide des incendies, notamment lorsque des vendeurs de carburant stockent leurs produits inflammables chez eux", a-t-il ajouté.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement provincial a pris des mesures, dont l'interdiction de la vente de mitrailleuses à Bukavu. "Depuis cette interdiction, on constate une diminution significative des cas d'incendie. Ce problème n'est pas lié à la mauvaise gouvernance du nouveau gouverneur, mais à une urbanisation défaillante héritée du passé", a affirmé Luganywa Bashizi Didier Kabi.
Depuis le début de la saison sèche, la société civile a recensé plus de 80 incendies dans la province du Sud-Kivu entre le 10 juin et le 13 septembre 2024. Elle appelle à une activation des mécanismes de lutte contre ce fléau dans toute la province.
Clément MUAMBA