Le Bureau du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) de la RDC a appelé les magistrats à poursuivre les arrestations et à continuer d’exercer leurs fonctions conformément à la loi, malgré les récentes directives du ministère de la Justice restreignant les transferts de détenus.
Lors d'une réunion tenue ce mercredi à la Cour constitutionnelle, le CSM a répondu aux propos du Vice-ministre de la Justice qui avait, dans une note circulaire datée du 2 septembre 2024, ordonné l’arrêt des transfèrements de détenus préventifs à la prison centrale de Makala et à la prison militaire de Ndolo, suite à une tentative d’évasion massive survenue dans la nuit du 1er au 2 septembre à Makala.
Dans un communiqué, le bureau du CSM a insisté sur le fait que les magistrats ne sont pas responsables de cette tentative d’évasion et a critiqué les déclarations du Vice-ministre de la Justice, les qualifiant de "dangereuses" car susceptibles de "stigmatiser les magistrats et de les exposer à la vindicte populaire".
Le Conseil a rappelé que l’arrestation est une réponse légale et appropriée à l’augmentation de la criminalité à Kinshasa, et que ne pas appréhender les suspects constituerait une violation flagrante de la loi.
Le CSM a également souligné l’importance d’un cadre de concertation entre le ministère de la Justice et le CSM pour traiter des questions liées à l’administration de la justice. Il a exhorté les magistrats à "poursuivre l’accomplissement de leurs tâches dans le strict respect de la Constitution et des lois de la République" et à rester "calmes et respectueux des règles d’éthique et de déontologie".
En réponse aux événements de Makala, le ministère de la Justice avait précédemment ordonné l'arrêt des transferts de détenus non condamnés vers la prison centrale de Makala et la prison militaire de Ndolo, et annoncé une série de mesures pour désengorger les prisons de Kinshasa et des autres régions du pays.
Le ministère a également souligné son engagement à accélérer la construction d’une nouvelle prison pour remplacer celle de Makala, afin de répondre aux problèmes de surpopulation carcérale, aggravés par une infrastructure datant de 1957 conçue pour accueillir 1 500 détenus mais qui en abrite actuellement plus de 8 000.
La situation reste tendue alors que les autorités judiciaires et gouvernementales divergent sur les mesures à prendre pour éviter de nouveaux incidents et améliorer les conditions carcérales en RDC.