Le président congolais Félix Tshisekedi a dénoncé avec virulence la corruption et le manque de patriotisme en RDC, affirmant que les Congolais eux-mêmes sont « les premiers à détruire » leur pays, lors d’un échange tenu mercredi avec des jeunes à Kinshasa.
« C’est d’abord nous-mêmes, les Congolais », a déclaré le chef de l’État, citant notamment la dégradation de la capitale. « Il suffit de circuler dans les rues de Kinshasa pour comprendre comment nous ne prenons pas soin de ce bien commun », a-t-il dit, évoquant avec nostalgie l’époque où la ville était surnommée « Kinshasa la Belle ».
Le président a ensuite ciblé la corruption, qu’il a qualifiée de « cancer » présent « dans tous les secteurs de la vie nationale ». « Quand vous détournez de l’argent destiné à l’éducation, vous tuez l’avenir de ce pays. Quand vous détournez de l’argent destiné aux soins de santé, vous mettez en péril tout un peuple », a-t-il insisté.
Abordant la question sécuritaire, Félix Tshisekedi a livré un constat sévère sur l’état de l’armée à son arrivée au pouvoir. « J’ai trouvé une armée, pardonnez-moi l’expression, de clochards », a-t-il déclaré, évoquant des soldats envoyés au combat « sans ration, sans solde, sans munition et sans encadrement ».
Le chef de l’État a assuré avoir fait de l’amélioration des conditions sociales des militaires une priorité, afin de leur permettre de « se consacrer uniquement à la défense de la patrie ». Cette déclaration intervient alors que le gouvernement congolais a annoncé le doublement des salaires des militaires et policiers, effectif depuis la paie de mars 2025.
Selon les données de la Banque centrale du Congo publiées en février, la masse salariale des Forces armées de la RDC (FARDC) atteignait environ 400 millions de dollars fin 2024. Avec cette mesure, elle pourrait s’élever à près de 800 millions de dollars d’ici fin 2025. Le gouvernement prévoit par ailleurs de consacrer 30 % du budget national aux forces de défense et de sécurité, un niveau inédit, selon le projet de loi de finances présenté en novembre par la Première ministre Judith Suminwa.
Ces annonces interviennent dans un contexte marqué par des affaires de détournement au sein des forces de sécurité. En 2021, au moins huit officiers de l’armée et un de la police avaient été arrêtés pour détournement de fonds destinés aux opérations en Ituri. En février dernier, deux militaires ont également été condamnés à trois ans de prison pour détournement et refus d’obéissance.