Élections en RDC: la forte concentration des partis politiques dans la composition de la CENI crée un déséquilibre et laisse le doute sur son indépendance, conclut la SYMOCEL

Photo d'illustration
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La Synergie des Missions d'Observation Citoyenne des Élections (SYMOCEL) a rendu public son rapport final de sa Mission d'Observation Électorale (MOE). Devant la presse, ce mardi 27 août 2024, elle a épinglé la question liée à la composition de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), mettant en cause la forte représentation des partis politiques (majorité et opposition) au détriment de la société civile, des confessions religieuses, des organisations spécialisées en matière électorale, ainsi que des organisations féminines de défense des droits de la femme.

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Sur les 15 membres qui composent la CENI selon la loi organique revue, les partis politiques se taillent la part du lion, soit dix membres, en raison de six pour la majorité et quatre pour l'opposition. Les cinq autres places sont partagées par les autres composantes. Pour la MOE SYMOCEL, cette configuration crée un déséquilibre de force et laisse le doute sur l'indépendance de cette institution d'appui à la démocratie. 

«Parmi les innovations de la réforme de la loi organique susmentionnée, figure la composition de la CENI qui est passée de treize à quinze membres désignés par les forces politiques représentées à l’Assemblée nationale et la Société civile à raison de : 1) six (6) par la Majorité ; 2) quatre (4) par l’Opposition ; 3) cinq (5) par la Société civile dont deux (2) par les confessions religieuses, deux (2) par les organisations spécialisées en matière électorale et un (1) par les organisations féminines de défense des droits de la femme. Il sied de rappeler que sur 15 membres, les partis politiques en comptent 10 (Majorité et Opposition ont respectivement 6 et 4 membres) et la Société civile seulement 5, ce qui crée un déséquilibre de force et laisse le doute sur l’indépendance qui devait caractériser cette institution d’appui à la démocratie», peut-on lire dans ce rapport.

La MOE SYMOCEL indexe, en outre, ce déséquilibre même dans la composition du bureau de la CENI, qui a  sept membres, dont un total de six proviennent des partis politiques de la majorité et de l'opposition.

«Le bureau comprend : (un) 1 Président, désigné par la Société civile, confessions religieuses ; Un (1) 1er Vice-président, désigné par la Majorité ; Un (1) 2e Vice-président, désigné par l’opposition ; Un (1) Rapporteur, désigné par la Majorité ; Un (1) Rapporteur adjoint, désigné par la Majorité ; Un (1) Questeur, désigné par l’Opposition; Un (1) Questeur adjoint, désigné par la Majorité».

Elle rappelle l’alinéa 1 de l’article 12 de la loi organique relative à la CENI telle que modifiée qui stipule que ses membres sont choisis parmi les personnalités indépendantes reconnues pour leurs compétences, intégrité, moralité, probité et honnêteté intellectuelle.

Il sied de rappeler que lors de la composition des membres du bureau de la CENI, les opposants dont Martin Fayulu, Moïse Katumbi et et le camp de l’ancien président Joseph Kabila, avaient refusé d'envoyer leurs représentants en contestation de Denis Kadima, président de la centrale électorale, qu'ils accusaient d'avoir des relations avec l’UDPS. Et la désignation de Didi Manara par exemple comme deuxième vice-président de la CENI en tant que membre du PPRD a été contestée jusqu’à ce jour par le camp Kabila qui ne l’avait pas délégué. 

Samyr LUKOMBO