RDC-Rutshuru: l’enclave de pêche de Nyakakoma passe sous contrôle du M23 en dépit de la mesure du cessez-le-feu

Carte du territoire de Rutshuru
Carte du territoire de Rutshuru

Les rebelles du M23 continuent à gagner des espaces dans le territoire de Rutshuru, malgré l’entrée en vigueur, depuis dimanche 4 août dernier, de la mesure de cessez-le-feu décrété par Luanda qui assure la médiation dans la crise qui secoue l’Est de la RDC. Ce mercredi, les rebelles ont pris le contrôle de Nyakakoma, enclave de pêche située sur la côte Est du lac Édouard, respectivement à 48 Km et à 28 Km de Nyamilima de Ishasha, deux autres entités stratégiques de la chefferie de Bwisha, déjà passées sous l’emprise du M23. 

« Les éléments du M23 sont arrivés à Nyakakoma autour de 9h15. Ils sont entrés sans un seul coup de feu. Ce sont les éléments de la force navale et les Wazalendo qui tiraient des balles, peut-être pour s'effrayer le chemin. Une bombe est tombée sur un logement sans faire de victimes. Seulement, un jeune homme a été touché par une balle perdue au quartier Kabila et on l'a acheminé à l'hôpital », témoigne à ACTUALITE.CD, une habitante de Nyakakoma. 

Le crépitement des balles de ce mercredi à l’arrivée des rebelles du M23 à Nyakakoma ont provoqué le déplacement des plusieurs habitants de cette cité lacustre qui prennent la direction de l’autre côté du lac.

« Plusieurs habitants se déplacent et traversent le lac en utilisant des pirogues. Ils prennent la direction de Talyha, Kamandi, Mubana, Kiserera, Lunyasenge. Quelques habitants préfèrent rester dans la cité. Les Wazalendo ont pris la direction du parc alors que les éléments de la force navale ont traversé le lac. Nous qui restons dans la cité, avons peur, nous ne savons pas d'où viendra la solution. Nous préférons y rester seulement », ajoute notre source.

Les miliciens wazalendo qui cohabitaient avec les soldats de la force navale à Nyakakoma ont pour la plupart pris la direction Chondo, Kamuororo, Mulimatsanga, des villages en plein parc des Virunga.

Le président de la fédération des pêcheurs du lac Edouard, Josué Mukura a quant à lui, exprimé la crainte quant aux activités de pêche qui sont perturbées suite aux affrontements armés. 

« La situation à Nyakakoma est critique ce matin. Il y a les rebelles du M23 qui sont venus attaquer les Wazalendo qui étaient encore à Nyakakoma. Et là, on signale qu'un jeune garçon d'une dizaine d'années a été blessé par balle. Pour l'heure, les Wazalendo, quelques policiers et les éléments de la force navale qui étaient encore là ont pris la direction du parc. C'est inquiétant parce que le cessez-le-feu tant attendu n'est pas respecté. On est vraiment dans la merde. Voilà pourquoi, nous ne cessons de demander au gouvernement de s'investir dans cette question parce qu'on est vraiment en difficulté totale » a dit à ACTUALITE.CD, un activiste citoyen du groupement de Binza qui a, également, requis l’anonymat. 

Les défenseurs des droits humains et autres acteurs de la société civile de la place invitent le gouvernement congolais à prendre à bras le corps ces avancées des rebelles du M23 dans le territoire de Rutshuru. 

Les ministres des affaires étrangères de la RDC, du Rwanda se sont retrouvés la semaine dernière à Luanda autour du médiateur qui est le président angolais, João Lourenço pour des discussions de paix. Un cessez-le-feu a été décrété sur le terrain entre l'armée congolaise et le M23. Le cessez-le-feu est entré en vigueur ce dimanche 4 août 2024 à minuit et sera supervisé par le Mécanisme de Vérification Ad-Hoc renforcé par les experts du renseignement des trois pays et d'autres entités, est la résultante de la relance du processus de Luanda, que Kinshasa considère comme un mécanisme privilégié pour un retour à une paix durable. 

Dans une interview accordée mardi à Top Congo Fm à partir de Bruxelles où il observe un moment de convalescence, après avoir suivi le traitement d’une hernie discale, le Président congolais, Félix Tshisekedi a affirmé que c’est plutôt le Rwanda qui a demandé l’observance d’un cessez-le-feu sur les lignes des combats. Il a réitéré qu’aucune négociation n’est envisagée avec les rebelles du M23. 

Jonathan Kombi, à Goma