Un rapport publié ce mardi par Ebuteli et le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) affirme que les causes de la résurgence de la rébellion du M23, active depuis novembre 2021 dans la province du Nord-Kivu, sont principalement extérieures à la République Démocratique du Congo.
Soutien rwandais
Selon le rapport intitulé La résurgence du M23 : rivalités régionales, politique des donateurs et blocage du processus de paix, les rebelles du M23 bénéficient du soutien du Rwanda, qui a permis leur retour sur le devant de la scène militaire dans l’est de la RDC. Ce soutien a été déterminant dans l’occupation par le M23 de vastes zones du Nord-Kivu, entraînant le déplacement de plus de 1,7 million de personnes.
Rivalités régionales
Le document souligne que la résurgence du M23 est principalement due à la relation tendue entre l'Ouganda et le Rwanda. En 2021, Kinshasa et Kampala ont établi des partenariats économiques et sécuritaires, suscitant un sentiment de marginalisation et d’isolement du Rwanda dans la région. Ce contexte a motivé Kigali à soutenir le M23 pour protéger ses intérêts.
Contestation des récits officiels
Le rapport conteste les récits avancés par le gouvernement rwandais et le M23, qui attribuent la résurgence de la rébellion à un soutien présumé du gouvernement congolais aux FDLR et à des violences contre les Tutsi. Selon Ebuteli et le GEC, ces arguments ne sont que des conséquences de la résurgence du M23, et il n’existe pas de preuve d’une recrudescence des violences anti-Tutsi au Nord-Kivu avant l’apparition du M23.
Faiblesse de l'État congolais
La faiblesse structurelle de l'État congolais est également mise en avant comme un facteur aggravant de la crise. Les Forces armées de la RDC (FARDC), sous pression militaire du M23 et de l’armée rwandaise, n'ont pas réussi à rétablir l'ordre. Le recours par le gouvernement congolais à des groupes armés étrangers et locaux, souvent recrutés sur une base ethnique, a exacerbé les tensions communautaires.
Diplomatie inefficace
Sur le plan diplomatique, le rapport critique le processus de Nairobi pour son incapacité à aligner les intérêts des États participants. Bien que le processus de Luanda, dirigé par l’Union africaine, ait abouti à un cessez-le-feu, il n’a pas permis de trouver une solution durable à la crise. Le démantèlement proposé des FDLR par le gouvernement congolais est jugé insuffisant pour résoudre la situation.
Réactions internationales
Bien que les principaux donateurs aient condamné le soutien du Rwanda au M23, le rapport note que Kigali n’a subi que peu de conséquences matérielles. La position stratégique du Rwanda en tant qu'allié occidental et acteur clé des Nations Unies en Afrique est citée comme une raison de cette indulgence.
Recommandations
Pour résoudre la crise, le rapport préconise une pression internationale accrue sur le Rwanda, notamment financière, et appelle à une réforme en profondeur du secteur de la sécurité en RDC. Le renforcement des FARDC est jugé essentiel pour transformer l'armée en une force capable de défendre efficacement le pays.