En 25 minutes d’allocution, Salomon Tudieshe, procureur général près la Cour des comptes de la RDC, a taillé des sujets de son choix tel que le recommande la loi, au cours de la rentrée judiciaire 2024-2025. Ce jeudi 25 juillet, dans la salle de spectacle du palais du peuple, la mercuriale du procureur n’est pas allée par le doigt de la cuillère pour balayer la situation sociale, sécuritaire et judiciaire du pays en vue d’appeler à l'amélioration.
Cette prise de parole a bien trouvé son lieu idéal tant la cérémonie est censée recevoir les plus hautes autorités du pays, en commençant par le Président de la République. Celui-ci s’est fait représenter par la première ministre qui fait également partie des autorités citées expressément par la loi pour être présentes à la rentrée judiciaire de la cour des comptes. Les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat font également partie de la liste et étaient bien là.
Évoquant la lutte contre la corruption, le procureur général près la Cour des comptes, Salomon Tudieshe, regrette que les travaux des états généraux de la lutte contre la corruption aient été tenus en 2021, d’abord comme si rien n’était fait auparavant en la matière dans le pays, ensuite que le rapport de ces états généraux n’ait jamais été rendu public malgré qu’ils s’étaient tenus en présence eme du chef de l’Etat.
Du haut de la chair, Salomon Tudieshe a également évoqué l’éducation nationale appelant à une réflexion profonde au sujet du calendrier scolaire colonial qui impose des vacances aux élèves en juillet et août comme sous d’autres cieux alors que ça ne fait pas du tout la même saison. “ Il faut réfléchir à le changer pour l’adapter à notre culture”, appuie le procureur.
“ Quand on engage la gestion publique, c’est pour le développement du pays et pour se développer, on ne doit pas imiter. Développer, c'est donner une nouvelle dimension à ce que vous avez déjà. Et notre pays ne manque de rien. Si nous voulons nous développer, il faut que nous reconnaissons nos propres valeurs, que nous n'imitions pas ”, ajoute-t-il.
Salomon Tudieshe a lancé un appel à suivre à bon escient l’application de la couverture santé universelle avec notamment la gratuité de la maternité, à réfléchir sur la révision des contrats miniers car dit-il, il faut éviter que les personnes qui ont pris part aux négociations de contrats à réviser se retrouvent sur la table pour les revoir, on est juge et partie, ce n’est pas bon.
Côté gestion des entreprises du portefeuille, le procureur général près la Cour des comptes, a déploré que “même le mandataire non actif est rémunéré mensuellement, le président du conseil d’administration a un cabinet et des frais de fonctionnement”.
“ Quand l’Etat entre dans le secteur économique, c'est pour dégager des ressources qui doivent l’aider à donner des expansions aux activités qui existent ou à en créer d’autres. Ce sont des ressources destinées au développement et pas pour donner des émoluments exorbitants aux mandataires non actifs”, explique Salomon Tudieshe.
Après cette prise de parole, le premier Président de la Cour des comptes, Jimmy Munganga, a également prononcé son allocution. Par la suite, la cour des comptes a remis son rapport annuel au Président de la République, aux présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, et au premier ministre avant de lever la séance.
La Cour des comptes de la République Démocratique du Congo est l’Institution Supérieure de Contrôle des Finances publiques de la République Démocratique du Congo. Elle a pour mission d’effectuer, de manière indépendante, un contrôle externe à posteriori des finances de l’Etat et de ses démembrements ainsi que des organismes, entreprises publiques et autres entités bénéficiant du concours financier de l’Etat. Elle porte un jugement sur la régularité des états financiers et des comptes des comptables publics selon une approche contradictoire et conformément à des normes généralement reconnues. La Cour des comptes contribue par ses missions de vérification et de contrôle de conformité à l’amélioration de la gouvernance financière et au respect des principes de reddition des comptes.
Dans un rapport de mai dernier publié par la cour des comptes, découlant d’une enquête dans 43 entités judiciaires de Kinshasa, 8,8 millions USD de recettes n’avaient pas été versées au trésor public et 84,5 millions USD de recettes n’avaient pas été recouvrées entre 2019 et 2022, dans le secteur de la justice.
Kuzamba Mbuangu