La rébellion du M23 contrôle près d’une centaine de villages dans les territoires de Rutshuru, Nyiragongo, Masisi et depuis fin juin elle a conquis quelques agglomérations du territoire de Lubero. Partout dans ces entités, les rebelles ont instauré une nouvelle administration avec des dirigeants de leur obédience. Et les populations sous occupation sont contraintes, pour celles n’ayant pas fui, d’adapter leur mode de vie pour « plaire au régime belliqueux ».
Ce jeudi, le bureau du secrétariat politique national du Bloc uni pour la renaissance et l’émergence du Congo (BUREC) s’est réuni à Kinshasa pour évaluer la situation sécuritaire générale dans l’est du pays, mais en particulier la progression du M23 dans le Lubero, après Rutshuru, Masisi, Nyiragongo.
Le parti se dit solidaire des populations qui vivent dans les zones occupées car elles sont « prises en otage et contraintes à cohabiter avec les agresseurs ». « Un état de choses qui ne remet en cause leur degré de patriotisme et de résistance légendaires », affirme le BUREC qui dit « plaider pour plus d’assistance en faveur des déplacés et d’autres victimes ».
Des combats entre le M23 et les Forces armées de la République démocratique du Congo ont fait des centaines de déplacés installés dans des camps de fortune à Goma et ses environs. Certains ont été contraints de fuir parfois plusieurs fois de leurs précédents lieux de refuge. Depuis la prise de Kanyabayonga, Miriki, Kayna et Kirumba, de nombreuses personnes fatiguées de se déplacer de manière incessante refusent de progresser vers Lubero et Butembo, préférant retourner dans leurs villages notamment dans le territoire de Rutshuru. D’autres encore vivent avec les rebelles et participent aux différents meetings de mobilisation organisés par le M23 sans exclure la possibilité d’adhésion au mouvement politico-militaire.
Dans ce contexte, le BUREC rapporte qu’une « cabale funeste » est fomentée par des milieux politiques contre son initiateur, Julien Paluku, ministre du commerce extérieur (ressortissant de Lubero), tendant à le lier aux actions du M23 dans la région. « La diabolique persévérance dans l’enfantillage politicien est d’autant criminel et punissable qu’elle porte les mêmes effets que la diversion au profit de l’ennemi et la démoralisation des troupes au front », dit le parti qui invite à l’occasion ses cadres et membres à rester « sereins, rangés derrière le combat contre les agresseurs ».
Kinshasa maintient son accusation contre Kigali de soutenir les rebelles du M23. Plusieurs rapports y compris celui des experts des Nations unies récemment publié confirment la présence des troupes rwandaises au Nord-Kivu. Le rapport mentionne que le Rwanda a déployé entre 3 000 et 4 000 de ses soldats sur le territoire congolais aux côtés des rebelles du M23. Un nombre de loin plus élevé que celui des combattants du M23, selon le document. Ce dernier donne aussi le rôle de l’Ouganda dans cette guerre. Le rapport affirme que des officiels ougandais ont permis le transit sans restriction des troupes du M23 et de l'armée rwandaise à travers l'Ouganda. Il indique également que des responsables du M23 ont été aperçus à plusieurs reprises cette année en Ouganda. Ce que la partie ougandaise rejette catégoriquement.