Guerre du M23: "le Chef de l'État a été clair, nous n'allons pas négocier avec ceux qui nous agressent", rappelle Judith Suminwa

Les rebelles du M23 à Kibumba
Les rebelles du M23 à Kibumba

Alors que des violents combats se poursuivent dans plusieurs fronts dans l'Est du pays entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda, la Première ministre Judith Suminwa a, lors d’une conférence de presse bouclant son séjour à Goma (Nord-Kivu), fermé la porte à toute "tentative" de dialogue avec les rebelles du M23 comme souhaité par ce mouvement politico-militaire. Mme Suminwa dit suivre la position du Chef de l’Etat qui a refusé toute négociation aux “agresseurs”. 

"Je pense que le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a été clair, nous n'allons pas négocier avec ceux qui nous agressent. Maintenant la voie diplomatique, on a les accords notamment de Luanda pour voir comment les pays qui nous soutiennent qui nous accompagnent dans ce processus de paix peuvent contraindre ceux qui nous agressent à arrêter. Quand on regarde l'effort de guerre, les ressources qu'on met pour combattre ceux qui nous agressent, le Rwanda avec leurs supplétifs le M23, si cet argent était mis pour le développement du pays je pense qu'on serait déjà loin mais malheureusement nous sommes obligés de mettre toutes ces ressources au niveau de l'armée et c'est pour ça que je vous ai parlé de la montée en puissance de notre armée", s’est exprimé la Première ministre. 

Le président angolais qui est médiateur désigné par l’Union africaine dans cette crise, a déclaré jeudi à Abidjan (Côte d’Ivoire) que des négociations sont en cours pour une rencontre entre Tshisekedi et Kagame afin d’aboutir à la paix dans l’Est congolais.

Lire ici: RDC-M23: Des négociations sont en cours pour une rencontre entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame, révèle  João Lourenço

Judith Suminwa a par la même occasion rappelé que les mécanismes diplomatiques mis en place ont pour but de contraindre ceux qui agressent la République Démocratique du Congo à arrêter. Elle a émis le vœu d'en finir le plutôt possible avec cette guerre pour se pencher sur des questions de développement.

"Pour nous, si par des voies diplomatiques on peut contraindre l'agresseur d'arrêter ça serait une bonne chose, ça nous permettrait de faire des économies… L'aspect diplomatique n'exclut pas, ne veut pas dire que nous allons négocier avec nos agresseurs, pas du tout", a prévenu la cheffe du gouvernement.

La première visite de Judith Suminwa comme Première ministre dans l'Est de la RDC intervient au moment où la République Démocratique du Congo fait face à l'activisme de groupes armés locaux et étrangers, du M23 soutenu par Kigali, et à la croissance des rebelles ADF-MTM dans la province du Nord-Kivu. Cette situation est exacerbée par l'occupation d'une partie de la province du Nord-Kivu par les rebelles du M23 qui ne cessent d'étendre sa zone d’influence.

Pendant ce temps, les pourparlers de paix sont à l’arrêt et de violents combats se poursuivent sur plusieurs fronts dans l'est de la République. Les processus de paix de Luanda et de Nairobi n'avancent plus. Félix Tshisekedi et Paul Kagame restent en désaccord, ayant chacun récemment remplacé leurs ministres des Affaires étrangères. Entre-temps, le M23 continue son expansion et a annoncé la nomination d'un coordonnateur et de coordonnateurs adjoints pour la Représentation du Mouvement du 23 mars à l'étranger.

Clément MUAMBA