Théâtre : Aaron Lukamba, la passion de la mise en scène

Photo
Aaron Lukamba, comédien et metteur en scène

La mise en scène est travail hardi et ardu. Les comédiens sont les plus en vue lors de la présentation d’une pièce de théâtre mais le chef d’orchestre et le coordinateur, c’est bien le metteur en scène. C’est la personne clé dans le montage d'un spectacle de théâtre. Il est souvent à l'origine du projet, il dirige différents aspects, choisis les comédiens ainsi que les lumières.

Pour accomplir cette tâche dans l’art, le jeune artiste comédien Aaron Lukamba s’est mis dans la mise en scène. Lui qui se considère encore au début de sa carrière a fait partie des metteurs en scène de la 11ème édition du festival de théâtre “Ça se passe à Kin”. Pour sa septième participation à cette fête de la dramaturgie, Aaron, encore étudiant à l’Institut National des Arts, s’est confié au Desk culture de ACTUALITE.CD

Il est revenu sur ses projets, sa structure de théâtre qu’il dirige, sa vision de la mise en scène et ses recommandations pour le nouveau gouvernement congolais en matière de la culture et du théâtre particulièrement.

ACTUALITE.CD : Vous avez participé autant de fois à ce festival, qu’est-ce qui vous a marqué dans cette édition ? 

Aaron Lukamba : L’accompagnement. Ma création a bénéficié du programme Émergence Théâtrale 2024, un projet qui a pour but d’accompagner les metteurs en scène, les créations artistiques. Il y a de l’accompagnement dans la dramaturgie et la mise en scène, cela a été très particulier.

Comment avez-vous appréhendé le retour du public après le spectacle ou la pièce de théâtre mise en scène par vous à été jouée ?

En tout cas, le sujet a touché le public. C’est un sujet d’actualité. La migration reste d’actualité car plusieurs africains veulent prendre le large, quitter leurs pays pour aller chercher ailleurs. Pour beaucoup c’est parce que la vie ne sourit pas à présent, c’est vraiment une actualité et le public s’est vu dedans.

Zone Franc(h)e parle d’un africain qui veut à tout prix quitter son pays pour aller chercher une meilleure vie en Europe.

Qui a choisi le texte à mettre en scène ? Est-ce vous ou bien, on vous a juste donné ?

C’est moi qui ai choisi. Je cherchais à dire quelque chose en tant que créateur. Alors, j’étais à la recherche d’un thème jusqu’à ce que je tombe sur une vidéo qui montrait des migrants qui voyageaient pour l’Europe à travers la mer. C’était très horrible. Je me suis dit en tant qu’artiste, pourquoi ne pas parler de ce sujet.

Déjà avec ma structure, des sujets comme la migration, les guerres etc., nous intéressent beaucoup pour poser nos gestes artistiques.

J’avais vraiment besoin de parler de migrants. Et en tombant sur la pièce d’Elvis Edouard Bvuma, Zone Franc(h)e qui parlait de cette problématique, j’ai opté directement pour porter ce texte en tant que metteur en scène.

Vous avez une carrière de metteur en scène qui évolue plutôt bien. À quelle étape vous voyez-vous personnellement à présent ? 

Je suis vraiment dans mes débuts. Avec tous les artistes et metteurs en scène que nous avons au pays, en Afrique et dans le monde, s’appeler metteur en scène n’est pas facile. Nous continuons d’apprendre, de mettre en avant le courage pour essayer de proposer aussi des gestes artistiques aux gens qui nous regardent et nous soutiennent.

En tant que metteur en scène, sur quelle lignée vous placez votre démarche, votre travail, qu’est-ce qui fait votre particularité quand il faut mettre en scène une pièce de théâtre ?

Je suis personnellement intéressé par les textes qui parlent de nos réalités à nous, ceux qui touchent notre environnement, je commence par là. Je ne cherche pas loin, je puise dans ce qui m’appartient. J’utilise beaucoup le symbolique dans mes mises en scène. Je pars de petites choses sympathiques qui donnent un message, qui est compris par le public dans nous voyageons, l’espace que le metteur aborde.

Quels sont vos prochains projets à court terme dans votre casquette de metteur en scène ?

Il y a deux projets qui arrivent. Le premier, c’est un projet de lecture avec des artistes du théâtre populaire, je garde encore leurs noms. Ça sera au mois de septembre. Le deuxième projet sur lequel je travaille se nomme prison noire. Ça parle des réalités des travailleurs congolais auprès des expatriés, c’est pour début 2025.

Il y a quelques mois, vous avez pris part au projet Émergence théâtrale qui était consacré au renforcement des capacités des metteurs en scène. Où en êtes-vous à présent dans ce projet et de quoi avez-vous bénéficié ? 

En tout cas, j’ai une autre façon de voir la mise en scène, une façon de voir les choses en tant que metteur en scène. J’ai eu des outils solides pour continuer mon travail dans les jours à venir. Le projet continue parce que les spectacles que nous avons créés doivent être diffusés partout dans la ville et en dehors.

Combien de textes avez-vous déjà mis en scène dans votre carrière de metteur en scène ?

Jusque là, je ne considère que deux mises en scène, la première en 2021 et la deuxième cette année. Mis à part cela, j’ai travaillé sur des textes où j’ai fait la mise en voix.

Vous avez votre propre compagnie que vous montez : Vova théâtre. Parlez-nous de cette expérience qui est en train de faire ses preuves.

Vova théâtre évolue très bien. La mise en scène de Zone Franc(h)e est le premier vrai projet sur lequel on a travaillé. J’ai quelques amis qui gèrent l’administration pour l’un et la communication pour l’autre. Vova théâtre créé mais aussi travaille sur des lectures. Dans 2 où 3 semaines, nous travaillerons sur un projet avec la radio de la femme, nous allons former les enfants au théâtre.

C’est quoi les vraies ambitions de Vova théâtre, cette structure qui essaie d’exister tant bien que mal ?

C’est de redonner le goût du théâtre à la population. C’est aussi de contribuer d’une certaine manière au développement du pays. Vous savez, la culture est un élément très important pour le développement d’un peuple, d’une communauté, d’un pays. Dans cet axe, Vova Théâtre se place comme un pilier, si je peux me permettre de le dire, de ce développement dans le théâtre. Ça fait partie des ambitions de notre structure. Elle se veut défenderesse, interpellatrice à travers le théâtre.

Pourquoi le nom Vova ?

Vova vient de la langue de ma mère, le Kikongo. Cela veut dire parler ou dire. Comme le théâtre, moi, je le définis comme l’art de dire des choses, je ne suis pas allé loin. J’ai pris dans ma langue la définition qui convient.

Vous parlez de l’importance de la culture. Avec un nouveau gouvernement déjà installé, que pouvez-vous dire à la ministre de la culture et à tous ceux qui peuvent en sorte que le secteur évolue normalement dans un pays comme le nôtre ?

Je félicite madame Elebe qui est la nouvelle ministre de la culture et des arts. Ce que je peux demander, c’est de faire des recherches sur des structures des théâtres, des jeunes, etc. Avoir des réunions avec eux, les écouter, savoir leurs attentes. Le théâtre est un élément important, un moyen par lequel le développement peut arriver dans un pays. Au travers du théâtre, on peut former, informer, instruire un peuple. Je demanderais d’accompagner la culture dans le vrai sens du mot. Que la ministre accompagne l’art en général, et le théâtre en particulier. 

Propos recueillis par Kuzamba Mbuangu