Cinéma : première du film “Virunga Énergies : de l’obscurité à la lumière”

Phobie
Virunga Énergies

Le film de Moimi Wezam et Nelson Makengo dénommé “Virunga Énergies de l’obscurité à la lumière” a connu sa première ce vendredi 21 juin 2024 à l’académie des beaux-arts de Kinshasa. Un film très attendu pour la situation sociale dans laquelle il s’inscrit, étant une expérience vécue, connue ou curieuse d’être connue. Dans le jardin de cet institut des beaux-arts, les invités ont suivi ce court métrage qui met en avant l’expérience d’un opérateur d’électricité qui a su se montrer salvateur à un moment crucial de la vie de la ville de Goma.

C’est l’ambassade des États-Unis en RDC qui a qui a organisé la projection de ce film-documentaire parce que l’ayant appuyé pour sa matérialisation, et à travers l’USAID, les USA ont mis une somme de 16 millions USD pour Virunga Énergies.

« Les États-Unis sont ravis de soutenir l’électrification de la RDC à travers nos programmes de soutien qui aident la population surtout dans les zones rurales. C’est avec beaucoup de joies que nous avons collaboré avec ces jeunes cinéastes pour faire un film sur Virunga Énergies qui est une association liée à l’ICCN », a expliqué Lucy Tamlyn, ambassadrice des États-Unis en RDC.

Cette première projection publique de ce film a permis de mettre en lumière le parcours de Virunga Énergies, sa conception ainsi que la construction de ses centrales hydroélectriques et leur impact sur la vie des populations. Et cela devant un public de Kinshasa, avant d’aller à Goma, la ville où tout a été tourné et où l’impact est réellement ressenti.

Le film

La ville de Goma plonge dans le noir total le 6 novembre 2023. Pour cause, le bombardement des installations d’une ligne Haute tension de Virunga Énergies. Tout de suite, on ressent l’importance de l’électricité car bien des choses vont se mettre à dysfonctionnel et la vie risque de ralentir, faisant sombrer la ville dans un gouffre économique et social assez critique. L’obscurité est de l’ordre de l’inhabituel. Écoliers, parents, médecins et les autres corps de métier sont dans une impasse accablante.

C’est dans cette cacophonie que les équipes de Nelson Makengo vont se rendre dans certaines habitations pour vivre l’expérience. Des accouchements se sont faits à l’aide des torches à certains lieux, au risque et péril des femmes qui n’avaient pas vraiment le choix. Une situation confuse qui va voir renaître une initiative courageuse avec des ambitions bienheureuse pour la population.

En 27 minutes, ce court métrage raconte des témoignages poignants des personnes qui ont vécu des décennies de conflits qui les a placés dans une sorte d’instabilité stable. Virunga Énergies, s’inscrivant dans une démarche de développement durable, développe l’hydroélectricité autour du parc de Virunga, avec des méthodes plus écologiques que les barrages à l’ancienne. Le but, fournie de l’énergie à environ 3,8 millions d’habitants de la ville de Goma.

Le fait que l’initiative se fait autour du parc de Virunga, l’un de plus anciens de l’Afrique, avec près de 100 ans d’existence, la question de la protection de l’environnement se pose pour ce patrimoine de l’humanité depuis 1959. D’où Virunga Fondation est en partenariat avec l’Institut Congolais de la Conservation de la Nature (ICCN) pour mener à bien ce projet.

Des témoignages sont venus aussi des gardes du parc qui ont assuré que 11% d’emplois créés grâce aux activités de Virunga Énergies ont été occupés par les anciens rebelles des groupes armés. Ce qui a permis de réduire, tant soit peu, le taux de criminalité.

“Virunga Énergies : de l’obscurité à la lumière” est aussi une histoire de la protection de la nature, de l’écosystème autour du parc entre bataille rebelles, l’exploitation agricole etc. 50% des revenus générés vont à la communauté et 50 autre pour soutenir l’ICCN.

En somme, 4 zones de réseau électrique ont été construits, une zone industrielle de Goma et 107 Km de réseau d’éclairage public dont bénéficient 500 000 habitants de la région. Virunga Énergies produit actuellement 30 Mégawatts et seront étendus dans les prochaines années. Chaque mégawatt crée 800 à 1 000 emplois, luttant ainsi contre l’insécurité et stimulant la création d’environ 1 000 petites et moyennes entreprises.

Une œuvre qui s’inspire du quotidien

La RDC connaît encore un accès à l’électricité très réduit. Un congolais sur 10 y a accès en milieu urbain et moins de deux pour-cent en milieu rural. Ce projet de Virunga Énergies est tombé donc à point nommé avec l’appui des États-Unis. Comme impact, en fin 2023, plus de 30 000 foyers étaient raccordés au réseau Virunga Énergies, ce qui a permis à plus de 140 000 personnes d’obtenir de l’électricité. Ce qui a indubitablement changé la vie quotidienne de la population.

Ces avancées sont d’une grande joie pour le Docteur Sandrine Mubenga, directrice de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité en RDC, qui a assisté à la projection de ce film.

« La partie qui m’a fait plaisir est celle de voir le témoignage de la population, voir les enfants qui travaillent le soir. En tant que régulateur, ça nous encourage à travailler davantage pour permettre d’avoir plus d’électricité en RDC », a-t-elle confié.

Les témoignages des gens qui sont passés de l’obscurité à la lumière, ce qui a également retenu l’attention de Lucy Tamlyn, l’ambassadeur des États-Unis en RDC.

« Ce qui m’a plus touché, c’est les témoignages des gens qui ont maintenant accès à l’énergie. Ça change la vie. Les devoirs des enfants peuvent se faire la nuit, les petites entreprises fonctionnent, ça impacte toute la ville car il y a de la lumière », a-t-elle dit.

De l’obscurité à la lumière, une métaphore qui se comprend dans deux sens dans le cadre de ce film, explique un des réalisateurs Moimi Wezam.

« C’est à la fois métaphorique et simple. Il y a beaucoup de maux à l’Est et nous avons porté à la lumière un aspect de ce qui se passe. En même temps, c’est le projet qui amène de l’électricité dans vie des gens, ce qui est très important. C’est un message d’espoir qui montre que dans la partie Est de la RDC, ce n’est pas que l’enfer mais il y a aussi des initiatives qui peuvent être copiées dans d’autres villes », souligne-t-il.

Son compair dans la réalisation du film, Nelson Makengo, évoque aussi le coup de communication pour laisser entendre que l’Est de la RDC est bien un lieu où des rêves peuvent se concevoir, naître et grandir.

« On voulait dire que malgré toutes les formes de conflits, de guerre, d’inaccessibilité là-bas, il y a la vie, il y a des gens qui vivent et qui ont des rêvent. Ils ont les ambitions, ils veulent les partager, ils veulent que la paix règne », dit-il.

L’électricité en RDC, un secteur où investir

Depuis que la fourniture en électricité n’est plus un domaine exclusif de l’Etat, il y a une quarantaine d’opérateurs comme Virunga Énergies qui se sont lancés à travers le pays mais qui ont des difficultés pour obtenir des fonds, confie Docteur Sandrine Mubenga, directrice de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité en RDC.

Leurs dossiers sont reçus et les contacts avec des partenaires techniques et financiers tels que la banque mondiale, l’USAID, Power Africa, BAD, etc. sont établis. Mais le processus demeure lent.

« Nous avons vu l’importance et le besoin de pouvoir mettre les opérateurs en contact avec les partenaires techniques et financiers afin de pouvoir se procurer plus d’investissements et les placer dans le secteur de l’électricité en RDC et augmenter le taux électrification chez nous », a ajouté Docteur Sandrine.

Depuis que l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité en RDC est là, la production électrique a augmenté de 26%. « Nous continuons à travailler pour qu’il y en ait plus », conclut la directrice de l’ARE.

Kuzamba Mbuangu