Reprise des combats entre les FARDC et la coalition RDF-M23 au Nord-Kivu : exode massif et exploitation minière sous contrôle rebelle

Creuseurs Rubaya mine coltan
Creuseurs à Rubaya mine coltan/Ph. ACTUALITE.CD

Les combats entre les rebelles du M23/RDF et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), appuyées par les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP), communément appelés « Wazalendo », ont repris ce lundi 13 mai sur plusieurs axes dans le territoire de Masisi, au Nord-Kivu. Les affrontements se concentrent notamment à Katale et Biteete, à environ 13 kilomètres de Masisi-centre, chef-lieu du territoire.

Tensions et déplacements massifs de populations

Selon Voltaire Batundi, président de la société civile de Masisi, les combats se sont rapprochés de Masisi-centre, provoquant une fuite massive des habitants vers le territoire voisin de Walikale. "Masisi-centre est en débandade. Dès la mi-journée, des tirs d'armes lourdes et légères se faisaient entendre à 13 kilomètres de Masisi-centre, notamment à Katale et Biteete. Une psychose règne dans la cité, poussant de nombreux habitants à fuir pour éviter d'être pris en étau," a-t-il déclaré.

Appel à la défense et renforts urgents

Voltaire Batundi a exhorté les FARDC et les Wazalendo à intensifier leurs actions pour empêcher que Masisi-centre ne tombe aux mains des rebelles. "Nous demandons aux forces de sécurité de barrer la route à l'ennemi, surtout pour protéger Masisi-centre où sont conservés de nombreux documents administratifs. Nous appelons également le gouvernement à envoyer des renforts rapidement," a-t-il ajouté.

Conséquences des affrontements récents

Le week-end dernier, des affrontements ont également été signalés sur l’axe Bweremana et sur plusieurs collines surplombant la cité de Sake. Des obus largués ce lundi par le M23/RDF sur la cité de Minova, dans le territoire de Kalehe (Sud-Kivu), ont causé des dégâts considérables, selon des sources locales de la société civile. Un bilan provisoire fait état d'au moins deux morts, une mère et un enfant, ainsi que de nombreuses infrastructures détruites.

Exploitation minière sous contrôle rebelle

Parallèlement aux combats, les rebelles du M23/RDF ont commencé à exploiter les ressources naturelles dans les sites miniers de Rubaya, également dans le territoire de Masisi. Voltaire Batundi a rapporté que les rebelles ont distribué des outils aux habitants pour encourager l'extraction de minerais. "Le prix d'un kilogramme de coltan a grimpé de 30$ à 70$, et les travailleurs, auparavant payés 10 000 FC par jour, reçoivent maintenant 30 000 FC. Cette exploitation est encouragée par le M23 pour accroître leurs profits," a-t-il précisé.

Recrutement forcé et militarisation

Depuis la prise de Rubaya par le M23/RDF fin avril, des vidéos montrant des jeunes se faisant enrôler de force par les rebelles ont circulé sur les réseaux sociaux. "Les jeunes montent dans des camions pour suivre une formation militaire imposée par le M23. Ce recrutement est une manière d'échapper aux exécutions sommaires, car plus de 120 jeunes ont été tués lors de la prise de Rubaya," a confié une source locale.

Les combats entre les rebelles du M23/RDF et les FARDC, appuyées par les Wazalendo, continuent de faire rage, menaçant la stabilité de la région et exacerbant une crise humanitaire déjà grave.