La Ligue Congolaise de Lutte contre la Corruption (LICOCO) et l’Observatoire de la Dette Publique (ODEP) ont interpellé le ministère du Développement rural concernant un contrat controversé, signé le 31 mai 2022 avec le consortium STEVERS CONSTRUCT-SOTROD WATER. Ce contrat, d’un montant de 400 millions USD pour l'installation de 1.000 stations d'eau et des lampadaires à travers la RDC, montre un taux de réalisation extrêmement faible de seulement 7%, malgré un décaissement initial de 80 millions USD, selon les deux organisations.
Florimont Muteba, PCA de l’ODEP, critique sévèrement la gestion du projet : « Le ministère du Développement rural avait requis 400 millions USD pour 1000 forages, soit environ 400 000 USD par forage. Le décaissement s’est effectué par une procédure d'urgence, sans passer par le budget normal mais directement par ordonnancement de paiement d'urgence. Cela semble être une entente entre le ministère des Finances, le ministère de Développement rural et l'entrepreneur, sans une évaluation indépendante des coûts ou une cartographie claire des sites d'installation. »
Ernest Mpararo, de la LICOCO, ajoute que sur les fonds déjà décaissés, plus de 250 forages auraient dû être réalisés, ainsi que l'installation de plus de 200 lampadaires dans des communes spécifiques de Kinshasa, mais seulement une fraction de ces infrastructures a été mise en place. Il plaide pour que le contrat soit réattribué à une autre société et que l’entreprise initiale rembourse les sommes indûment perçues, en plus d’être blacklistée pour empêcher toute future participation à des marchés publics en RDC.
L'homme politique Moise Katumbi a également exprimé son indignation, pointant du doigt l'inflation des coûts et la gestion opaque des fonds, qui selon lui, devraient plutôt servir à soulager les nombreuses difficultés des Congolais. Il critique le silence des institutions financières internationales et la lenteur de la justice congolaise à réagir à ces abus.
En réponse à cette situation, l'Association Congolaise pour l'Accès à la Justice (ACAJ) a demandé l’ouverture d'une enquête judiciaire pour examiner les irrégularités dans la passation et l’exécution de ces marchés publics, soulignant des pratiques frauduleuses et un favoritisme flagrant qui compromettent la transparence et l'équité des procédures.