Pas de débats sur les intentions (programmes) des candidats gouverneurs au Kwango. Dans les salons politiques, sur les réseaux sociaux et dans les rues, ce sont les origines des candidats, principalement leurs territoires, qui sont discutées.
Injures, menaces et préméditations, c'est à cela qu'accouchent les débats entre les partisans des candidats sur les réseaux sociaux, un espace virtuel pollué par des discours de haine.
La polémique est alimentée par le système de rotation territoriale à la tête de la province, un arrangement entre acteurs politiques intervenu en 2015, après l'éclatement de l'ancienne province de Bandundu. Les 24 politiciens du Kwango, auteurs de cet accord verbal, avaient convenu d'une gestion alternée. Tout a commencé avec le territoire de Kasangulunda, qui a dirigé de 2015 à 2018, suivi de celui de Kenge.
La saga de 2024 oppose deux principaux candidats parmi les quatre retenus par la centrale électorale, centrée sur les enjeux de cette élection. Il s'agit notamment de Colette Lukamata de Feshie et de Willy Bitwisila de Popokabaka.
Selon cet accord, ce serait le tour d'un ressortissant de Feshie de diriger la province, ce qui n'est pas accepté par les acteurs politiques de Popokabaka, dont un ressortissant a été élu président de l'assemblée parlementaire du Kwango.
Depuis, des messages incitant les députés provinciaux à voter pour les ressortissants de Feshie ou de Popokabaka circulent sur les réseaux sociaux.
Pour une province où les routes, le courant électrique, l'eau, l'alimentation, etc., posent encore problème, la nouvelle société civile du Kwango craint l'élection d'un incompétent, les députés étant contraints de voter selon les origines.
"Nous déplorons les messages de haine qui alimentent le tribalisme pendant cette période électorale des gouverneurs. L'origine, c'est ce problème de rotation instauré par les politiciens. Cela fait en sorte qu'on élit plus les gens selon leur profil ou programme, mais plutôt parce qu'ils sont ressortissants de tel ou tel autre territoire. Cela crée beaucoup de clivages et va influencer le choix des députés," a déclaré Anaclet Kapay, coordonnateur de la nouvelle société civile du Kwango.
La notabilité du Kwango appelle les acteurs politiques à arrêter les querelles et les discours qui créent des ségrégations tribales. Son président, Noël Batelama, précise que cet accord n'a aucun fondement juridique et ne peut donc pas guider le choix des élus.
"Les discours de haine sont un ingrédient très dangereux. Nous ne voulons plus de cela. Le Kwango est réputé pour être une province hospitalière. Nous avons besoin de paix, de tranquillité... La rotation est-elle constitutionnelle ? Y a-t-il une référence ? Il n'y a pas de fondement. C'est un contrat verbal entre 24 personnes... Nous avons besoin d'une personne capable de dynamiser cette province, peu importe son territoire," a-t-il déclaré.
Quatre candidats sont en lice pour le gouvernorat du Kwango : Willy Bitwisila, Colette Lukamata, Modeste Mulasa et Patsho Panda.
Jonathan Mesa à Kenge