Gouvernement Suminwa : l’Association « Femmes d’Exception du Congo » réclame un plan de performance et une représentation féminine de 35 %

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L’association Femme d’exception du Congo avec la première ministre

Conduite par Lydie Omanga, la délégation de l’Association « Femmes d’Exception du Congo », Asbl FDEC, a été reçue samedi 20 avril 2024 par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka dans le cadre des consultations en vue de la formation prochaine du gouvernement de la République. Il était question pour cette organisation féminine de plaider auprès de la Première ministre pour instaurer dans son équipe gouvernementale une gestion axée sur les résultats en mettant en place un plan de performance pour coter chaque membre du gouvernement afin de les stimuler à travailler davantage pour l'obtention des résultats escomptés durant le second quinquennat du Président Félix Tshisekedi.

Si précédemment le taux de femmes dans le gouvernement Sama Lukonde avait atteint 28 %, cette fois-ci, l’Association « Femmes d’Exception du Congo », Asbl FDEC, s'attend à un taux encore plus élevé mais aussi à des réformes dans le secteur de la justice.

"Nous avons vraiment insisté sur la gestion de l'administration mais sur la base des résultats. Qu'est-ce que le gouvernement qui va être mis en place peut nous garantir en termes de plans de performance ? Que chaque ministre puisse être coté mais par rapport à un plan de performance. On nous en avait parlé mais nous n'avons pas forcément toujours vu les résultats mais les femmes d'exception, la dynamique nationale des femmes candidates (dynafec) et Rien Sans Les Femmes, nous avons insisté sur cela parce que c'est primordial. Nous avons insisté sur le fait que cette fois-ci nous voulons, dans la mesure du possible, atteindre les 35 % de représentation des femmes dans le gouvernement. Au-delà de ce point, nous avons aussi sensibilisé et interpellé la Première ministre sur la justice parce que aujourd'hui dans la justice règne une forme d'impunité qui aujourd'hui ne peut pas permettre au pays de se développer dans une forme de sérénité, de respect des droits de chacun et pour un État de droit c'est l'essentiel", a déclaré devant la presse Lydie Omanga, présidente de l’Association « Femmes d’Exception du Congo », Asbl FDEC.

Lydie Omanga, qui avait à ses côtés Carine Kanku de la dynamique nationale des femmes candidates (dynafec) et Fifi Baka, point focal de Rien Sans Les Femmes à Kinshasa, toutes membres de l’Association « Femmes d’Exception du Congo », ont rappelé à la Première ministre l'urgence et la nécessité de faire des réformes urgentes dans le secteur de l'administration publique.

"De notre point de vue, l'administration publique, par rapport à ce que nous avons voulu partager avec la Première ministre, est une administration qui doit être dépolitisée parce que aujourd'hui toute la fonction publique se retrouve à plat parce que la politique a pris le dessus sur la technique alors que l'administration, qu'on le veuille ou non, est le bras armé d'une nation. Qu'elle soit dépolitisée va permettre que les compétences mais aussi les talents puissent s'exprimer pour le bien de l'intérêt général, celui du pays. Il a été aussi question de rajeunir l'administration publique, beaucoup sont dans l'administration depuis des années, il est temps de passer le relais à la nouvelle génération", a indiqué Lydie Omanga dans sa restitution devant la presse.

Et d'ajouter :

"En ce qui concerne toujours cette administration, nous avons aussi voulu insister sur le fait qu'aujourd'hui nous constatons qu'au niveau des responsables des entreprises publiques, les fonctions et les rôles des adjoints sont souvent justement trop politisés ou ils n'en ont pas carrément. L'idée a été d'expliquer qu'aujourd'hui nous aimerions avoir dans nos lois des compétences d'attributions parce que le pays se construit avec tout le monde et aujourd'hui ceux qui sont dans la majorité, demain seront dans l'opposition et ce que nous voulons bâtir c'est un État de droit et on doit aussi prendre en considération ses aléas."

En ce qui concerne la promotion de l'agenda genre, cette délégation a insisté sur l'application de la Loi n° 15/013 du 1er août 2015 portant modalités d’application des droits de la femme et de la parité. Elles se sont également convenues avec la Première ministre de se rencontrer régulièrement pour commencer à faire des évaluations sur l'avancement de cet agenda.

"Cette loi a été votée il y a longtemps, elle n'est toujours pas entrée en exécution, on ne l'applique pas. Comment faire pour l'appliquer ? Nous avons apporté quelques pistes de solutions à savoir la mise en place des quotas mais des quotas de manière progressive puisque qui dit parité dit 50-50 mais pour pouvoir y arriver, nous devons peut-être commencer par gérer d'une manière progressive cette mise en place des quotas. Au-delà de ça, nous avons aussi expliqué à Madame la Première ministre pour qu'on puisse derrière soutenir le quota, il faudrait avoir une base de données des compétences féminines aussi bien du secteur privé que public pourra puiser pour justement pouvoir nommer ou encore engager une femme", a fait remarquer Lydie Omanga.

Et de poursuivre :

"Nous avons demandé à Son Excellence Madame la Première ministre la mise en place d'un cadre d'échange régulier, elle est la première femme Première ministre et en tant que telle c'est un rôle modèle, c'est une première dans notre pays et on a demandé que régulièrement elle puisse rencontrer les femmes. Elle a accepté, elle nous a dit qu'elle allait voir dans quelle mesure cela pourrait se faire même de manière trimestrielle, de manière à ce que nous puissions régulièrement partager avec elle sur l'évolution de l'agenda genre."

C'est avec les organisations féminines que la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a bouclé ses consultations initiées depuis le week-end dernier. Les résultats de ces échanges seront essentiels pour déterminer la composition du gouvernement qui accompagnera le Président Tshisekedi lors de son second mandat, face aux défis économiques, sociaux et sécuritaires que rencontre le pays.

Clément MUAMBA