Au lendemain de la publication des résultats provisoires des élections législatives nationales par la Commission nationale électorale indépendante (CENI), les réactions qui font les tours des réseaux sociaux peuvent engendrer la haine dans la communauté et mettre à mal la cohésion sociale. A l'instar de cette rumeur qui circule dans les discussions communautaires affirmant que " pour la première fois, les communautés Rwandophones Tutsi, Hutu et Banyamulenge ne seront pas représentées à l'Assemblée nationale ".
Ce qu’il faut retenir
Aucune loi en RDC ne donne aux députés la responsabilité de représenter une quelconque communauté ou une tribu à l'Assemblée nationale où siègent les députés nationaux. Si tel était le cas, cet organe délibérant aurait plus de 450 députés issues de différentes tribus et ethnies que compte le Congo.
Ils ne sont pas choisis par les communautés mais plutôt par la population enrôlée pour l'élection dans une circonscription électorale bien définie par la CENI. Les articles 115 et 143 de la loi électorale parlent des élections des députés provinciaux et nationaux.
Un citoyen congolais qui s'exprime en Kinyarwanda est appelé rwandophone, peu importe son ethnie ou sa tribu, et jouit des mêmes droits que tout autre congolais comme le soutient l'article 13 de la loi fondamentale de la RDC, qui vient en appui à l'article 11, qui souligne qu'aucun Congolais en matière d'accès aux fonctions publiques ne peut faire l'objet d'une quelconque discrimination. Comme tout citoyen congolais, ces congolais d'expression Kinyarwanda bénéficient du même droit de participer au processus électoral (article 4 de la loi électorale). Ils peuvent présenter leurs candidatures sous réserve des dispositions spécifiques pour chaque élection (articles 9 et 10 de la loi électorale ) en indépendant, au nom d'un parti politique ou d'un regroupement politique.
Les provinces du Nord et Sud-Kivu comptent le plus grand nombre des Congolais rwandophones originaires des territoires de Rutshuru, Masisi, Kalehe, Uvira et Fizi. Suite à l'insécurité, les opérations électorales dont l'enrôlement ne s'est pas tenu en certains endroits du pays, les territoires de Masisi et Rutshuru en font partie.
Cela pourrait expliquer la moindre participation des membres issus de communautés localisées dans cette zone. En attendant la tenue du vote dans le Rutshuru et Masisi, les résultats aux élections législatives nationales ne sont pas exhaustifs pour conclure que certaines communautés y sont absentes. Toutefois, il convient de signaler qu'au niveau du scrutin législatif provincial, et bien d'autres, les membres des communautés congolaises s'exprimant en kinyarwanda ont largement été élus selon les récentes publications de la CENI pour la ville de Goma, par exemple, il y a eu plusieurs élus originaires des territoires d’expression rwandophones.
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Cet article est issu du projet Sango ya bomoko, un programme de Kinshasa News Lab, qui collecte, traite et répond aux rumeurs au sein de nos communautés afin de prévenir le développement des discours de haine, tribalistes et la désinformation.