RDC: une campagne électorale davantage axée sur les individus que sur les programmes

Campagne à l'éctorale à Goma
Campagne à l'éctorale à Goma

Au terme des 10 premiers jours de la campagne électorale en République Démocratique du Congo (RDC), la SYMOCEL (Synergie des Missions d’Observation Citoyenne des Élections) soulève des observations contrastées, marquées par des tensions exacerbées et des pratiques discutables.

La SYMOCEL a constaté une intensité remarquable dans la campagne présidentielle tandis que d'autres niveaux de candidatures sont restés en retrait. Bien que des banderoles aient été déployées par divers candidats, ces derniers sont apparus peu enthousiastes et peu mobilisateurs. Certains ont tardivement débuté leur campagne ou se sont concentrés principalement sur les plateformes numériques. Des informations suggèrent que plusieurs candidats attendaient un financement de leur campagne de la part de leurs partis politiques ou regroupements, faute de quoi, leur campagne s'est avérée minimale.

Aussi, cette campagne électorale a exacerbé les tensions interethniques, amplifiant des conflits déjà existants dans certaines régions. Des violences interethniques ont été signalées, notamment dans les provinces du Haut-Katanga, Bandundu, Kindu et Kinshasa - Limeté. Au Haut-Katanga, des tensions violentes ont éclaté entre la communauté Kasaienne et la population locale de Kasumbalesa. Des vidéos et correspondances datant du 26 novembre 2023, attribuées au Chef Coutumier Kabunda Vincent du Groupement Kombo, interdisant aux Kasaiens d'accomplir certains rites, ont envenimé la situation. 

Dans la province du Maniema, des incidents malheureux ont été signalés lors de la tournée du candidat Moise Katumbi, entraînant des pertes en vies humaines. 

L'opposition locale a dénoncé une entrave à la liberté de campagne orchestrée par les autorités provinciales, une accusation corroborée par les observateurs de la SYMOCEL sur place. À Kinshasa, un convoi de campagne des partisans du candidat Moise Katumbi a été attaqué par les partisans de l’UDPS, toutefois, grâce à l'intervention de la police nationale congolaise, aucun décès ni blessé n'ont été enregistrés, malgré des dommages matériels.

Par ailleurs, la répartition inégale des libertés fondamentales suscite des préoccupations, notamment concernant les restrictions d'autorisation des avions de campagne, la limitation des déplacements aériens pour certains candidats, des mesures de sécurité disparates autour des candidats présidentiels, et l'interdiction de tenue de meetings pour certains candidats de l'opposition dans certaines régions, comme au Maniema. Les inégalités d'accès aux médias publics ont également soulevé des interrogations quant à l'équité de l'accès aux médias pendant la période électorale, une gestion mise en question par le CSAC.

Dans un ordre de mission daté du 22 novembre 2023, le Maire de Kikwit, dans la province du Kwilu, a instauré une contribution obligatoire des institutions financières locales pour accueillir le Chef de l'État.

Autre point important, cette campagne s’est révélée davantage axée sur les individus que sur les programmes. Malgré la pléthore de candidats, la bataille électorale se concentre principalement entre les camps de Moise Katumbi et Felix Tshisekedi, constate la SYMOCEL. Même si des ralliements ont eu lieu en faveur de Moise Katumbi, avec les candidats Matata Ponyo, Seth Kikuni et Franck Diongo, l'opposition n'est pas parvenue à se doter d'un candidat unique. D’autres candidats tels que Martin Fayulu, Denis Mukwege, Denis Sessanga, Mutamba, Anzuluni, ont également entamé des campagnes provinciales à un rythme plus lent.

La SYMOCEL a déployé 275 observateurs de long terme dans les 26 provinces pour surveiller le déroulement des opérations électorales. En collaboration avec la NSCC, elles déploieront 40 000 observateurs de court terme pour les scrutins du 20 décembre 2023