Sommet des trois bassins: Félix Tshisekedi dénonce l'hypocrisie africaine et l'activisme armé du Rwanda qui détruit la biodiversité dans le Parc des Virunga

Une patrouille des Écogarde du Parc National des Virunga
Une patrouille des Écogarde du Parc National des Virunga

Au nom de la République Démocratique du Congo, Félix Tshisekedi a pris une part active au sommet des Trois Bassins, aux côtés de ses homologues de la République du Congo. Dans son intervention, Félix Tshisekedi a une nouvelle fois dénoncé l'activisme armé du Rwanda, qui détruit la biodiversité congolaise au sein du parc des Virunga et pille les richesses minérales du Congo.

"En ce moment, par exemple, alors que nous parlons de ce sujet très important, la conservation de notre biodiversité et de nos forêts, il se passe actuellement dans le parc des Virunga, l'une des réserves naturelles les plus importantes au monde en termes de forêt et de biodiversité, un activisme armé qui met en péril cet écosystème, le détruit, et cela n'a pas été décidé à Washington, Paris, Bruxelles ou à Londres. Cela a été décidé en Afrique, et plus précisément à Kigali. C'est l'œuvre d'un frère africain", a déploré Félix Tshisekedi dans son discours du samedi 28 octobre 2023.

Pour le président Félix Tshisekedi, il est temps d'arrêter l'hypocrisie et de mettre en place des relations sincères entre les États.

"C'est pour vous dire que nous devons bannir l'hypocrisie qui existe entre nous. Nous devons éliminer les fléaux tels que le tribalisme et la haine de l'autre. Je crois que nous pourrions parler de supprimer nos barrières, d'effacer les tarifs douaniers, etc., tout simplement parce que malgré nos engagements, rappelez-vous, à l'Union Africaine, l'horizon 2020 était l'objectif pour faire taire les armes en Afrique, et cela est devenu une chimère. Nous ne nous en offusquons pas, nous ne condamnons pas. Tant que cela continuera ainsi, il faudra oublier toutes les bonnes initiatives, telles que celles préconisées par le Président William Ruto. Nous devons avoir le courage de nous regarder entre Africains, les yeux dans les yeux, et nous dire qu'on ne peut pas s'appeler frère et se poignarder dans le dos en même temps", a fait remarquer une nouvelle fois Félix Tshisekedi.

Il a poursuivi en disant : "Nous devons cesser de rejeter nos responsabilités sur les étrangers non africains. Ceux qui nous avaient colonisés aujourd'hui comprennent le sens de la paix. Le jour où nous mettrons fin à ce que nous constatons aujourd'hui à l'Est de la République Démocratique du Congo, par exemple, des voisins qui viennent semer la pagaille, la mort, la désolation uniquement dans le but de s'enrichir et de piller les ressources, le jour où nous mettrons fin à ces comportements, alors nous aurons compris. En tant que Président de la République Démocratique du Congo, face à de telles situations, je ne suis pas tenté de construire des ponts, mais plutôt des murs pour assurer la sécurité de ma population."

Félix Tshisekedi a noté que depuis son accession à la magistrature suprême, il a entrepris plusieurs efforts avec ses différents voisins pour garantir les intérêts de leurs populations respectives, mais cette vision n'a pas été partagée par certains chefs d'État en Afrique.

"Lorsque je suis devenu Président de la République Démocratique du Congo, il y a presque cinq ans maintenant, la première destination de mes déplacements a été l'Afrique. J'ai commencé par le Kenya, à l'époque du prédécesseur du Président Ruto, puis je suis passé par l'Angola, la République du Congo chez notre aîné, puis je suis allé au Rwanda, en Ouganda, et depuis lors, j'ai parcouru et visité chacun des neuf pays voisins de la République Démocratique du Congo. Mon but était de parler à tous mes interlocuteurs, mes pairs, de la nécessité que nous avons de vivre en paix, d'œuvrer ensemble, et de développer des projets qui seront bénéfiques pour nos populations respectives. Cela visait à démontrer l'attachement que j'ai à la paix et à l'unité des peuples d'Afrique. Malheureusement, nous sommes loin de la réalité", a déploré Félix Tshisekedi.

Depuis près de trois ans, les relations diplomatiques entre Kinshasa et Kigali se sont encore davantage détériorées. Kinshasa accuse Kigali de soutenir les rebelles du M23, actifs dans la province du Nord-Kivu et à l'origine de plusieurs violations des droits de l'homme. Ces accusations sont toujours rejetées par le régime de Kigali, malgré plusieurs rapports des experts de l'ONU.

De nombreuses initiatives diplomatiques au niveau régional peinent à donner les résultats escomptés. La situation sur le terrain continue de se détériorer, rendant les conditions de vie des populations de cette partie du pays de plus en plus difficiles.

Clément MUAMBA