La tumultueuse période qu'a traversée la République Démocratique du Congo (RDC) entre 2011 et 2018 trouve son expression dans un recueil de caricatures intitulé "Fin de parcours", œuvre de l'illustre bédéiste et dessinateur de presse, Kash Thembo. Cet ouvrage puise son inspiration dans les événements entourant le deuxième mandat du Président honoré Joseph Kabila, jusqu'à la passation pacifique du pouvoir en janvier 2019.
Présenté le vendredi 13 octobre dernier au Musée national de la RDC, à Kinshasa, ce quatrième recueil de dessins de presse de Kash Thembo se distingue par sa narration singulière qui mêle dessins, accompagnés ou non de textes. Il se distingue également par les préfaces du Président de la République, Félix Tshisekedi, et de la ministre de la Culture, des Arts et du Patrimoine, Catherine Kathungu.
Devant un auditoire composé d'artistes, de journalistes, de partenaires, de curieux et d'amateurs d'art, Kash a présenté son livre. Par la suite, le Professeur Hilaire Mbiye a offert une restitution complète, plantant ainsi le décor de la vente et de la séance de dédicaces de l'auteur pour les acheteurs du jour. Les Éditions Miezi, situées dans la commune de Kasa-Vubu, poursuivent la vente de ce trésor.
Dans l'ensemble, "Fin de parcours" offre un récit visuel qui dépeint les événements et les protagonistes de la scène politique congolaise. Ces caricatures servent de miroir à la société congolaise et offrent une miniaturisation du paysage politique réel, où les acteurs interagissent, s'opposent et cherchent à se neutraliser plutôt qu'à collaborer en synergie.
Kash aborde de manière critique des événements majeurs tels que les élections de 2011, les différentes concertations politiques, l'insécurité dans l'Est du pays, les massacres à Beni, l'accord cadre d'Addis-Abeba, la rébellion du M23, la pression exercée par l'Église catholique contre un troisième mandat pour le Président de la République, la désignation du dauphin de Joseph Kabila, l'assassinat de Mamadou Ndala, la mort d'Étienne Tshisekedi, et bien d'autres événements significatifs.
Le livre est divisé en sept chapitres, chacun correspondant à une année de 2012 à 2018. Chaque chapitre est introduit par un texte de l'auteur qui explique le contexte, facilitant ainsi la compréhension. L'auteur exploite habilement le langage de la bande dessinée dans ses caricatures, où les personnages dialoguent, combinant textes et images dans une présentation originale qui apporte un sens nouveau, même lorsque certaines images sont dénuées de textes.
Les personnages, notamment les grandes figures de la scène politique congolaise, sont détaillés, avec leurs traits physiques exagérés ou simplifiés pour permettre une identification aisée. Par ailleurs, certains personnages symboliques sont présents.
Comme dans de nombreuses caricatures, celles de Kash présentent un univers où le bien et le mal s'affrontent avec humour. Les thèmes abordés sont généralement dictés par l'actualité politique, la vie socio-économique et culturelle.
"Kash utilise la caricature comme une arme politique pour dénoncer la déshumanisation croissante et la paupérisation du peuple congolais. Il critique l'intervention des puissances étrangères et stigmatise le travail de la société congolaise actuelle. Ses caricatures reflètent également les inquiétudes, les angoisses et le découragement du dessinateur, ainsi que ceux du peuple congolais qui aspire à l'avènement de l'État de droit", explique le Professeur Hilaire Mbiye.
Kash Thembo a débuté sa carrière de caricaturiste de presse en 1990 en dessinant pour le journal "Le Phare". C'est à ce moment que la caricature politique a vu le jour, alors qu'elle n'existait pas durant les années de dictature. Kash a également été l'un des organisateurs du premier salon de la bande dessinée africaine en 1991.
Enfin, Kash a déjà annoncé la sortie d'un autre recueil à la fin de 2024, consacré aux cinq premières années du mandat du Président Félix Tshisekedi, intitulé "Les années Fatshi". Selon Kash, l'idée est de publier un album à la fin de chaque année, une approche plus pratique que de reconstituer l'intégralité d'un mandat.
Lors de la même occasion, les lauréats du concours "Dessine-moi la paix" ont été annoncés. Jeanpy Lupapa a remporté le premier prix, suivi de Rodrigue Muladika à la deuxième place. Ce concours a offert aux artistes l'opportunité de s'exprimer sur des questions nationales, car "contribuer à la construction d'une société démocratique et ouverte passe par des opportunités d'expression et la participation au débat national".
Les lauréats des premier et deuxième prix ont reçu respectivement 500 USD et 150 USD, tandis que les candidats classés de la troisième à la dixième place recevront un prix de 50 USD en guise d'encouragement.
Emmanuel Kuzamba