La 10e édition du Festival International de Cinéma de Kinshasa promet d'être un événement cinématographique d'envergure. Au cœur de cet événement, le film "Mulika" du réalisateur congolais Maisha Maene, qui fait déjà sensation.
Pas moins de quatre films sont au programme de cette grande célébration du cinéma dans la capitale congolaise. En plus des courts-métrages venus d'Allemagne, de la France, du Mexique et du Congo-Brazzaville, "Mulika", le film du pays hôte, sera à l'honneur lors de la soirée d'ouverture, le samedi 14 octobre, à l'Académie des Beaux-Arts.
Avec une durée d'environ 15 minutes, "Mulika" a déjà conquis de nombreux publics à travers le monde. Il a été sélectionné à la 39e édition du Festival du Film de Sundance en janvier aux États-Unis, et a également été présenté à la 28e édition du Fespaco au Burkina Faso en février dernier. Le réalisateur Maisha Maene, basé à Goma, a filmé cette œuvre dans la même ville, lui donnant ainsi un caractère authentique et local.
" Mulika " n'est pas seulement un film, c'est aussi une œuvre qui suscite la réflexion. Lors d'une projection au Centre Culturel Américain en avril dernier, Maisha Maene a partagé le contexte du film. Il a expliqué : " Le film aborde la problématique de l'exploitation des minerais en RDC. Cependant, je voulais aller plus loin, explorer des approches et des esthétiques qui contribuent à décoloniser l'image du Congo, souvent déformée par des étrangers venus raconter notre histoire."
" Fiction, réalité, présent, futur, questionnements, propositions de réponses, valeurs culturelles, négligence à la congolaise, course aux minerais... Tout est brillamment représenté dans le film "Mulika". Le film évoque également le contexte de l'Est de la RDC, une région en proie à l'insécurité depuis plus de 20 ans, en raison de ses précieuses ressources minières exceptionnelles.
Le réalisateur partage ses regrets et son point de vue sur le "conflit minier". Il souligne que la population congolaise n'a pas encore pleinement conscience que les minerais du futur se trouvent sur son propre territoire. Il insiste sur la nécessité de mettre en place des stratégies pour que ces ressources profitent tant au Congo qu'au reste du monde. Le film illustre cette idée, en mettant en avant le coltan, un minerai aéronautique de grande importance présent sur le sol congolais, mais largement sous-estimé par la population.
Le personnage principal du film, "Lobi," signifiant "futur" en lingala, incarne un astronaute venu sur Terre, portant des minerais comme s'il s'agissait de vêtements. Il explore la ville de Goma, enregistrant des scènes de la vie réelle, avant de rencontrer un aîné qui lui remet une œuvre d'art pour renforcer ses compétences avant de poursuivre son voyage spatial.
Maisha Maene insiste sur l'importance de se pencher sur l'avenir, car c'est à ce moment-là que l'on trouve le courage et l'ambition de changer les choses dans le présent. Il encourage également la reconnexion avec les valeurs culturelles et traditionnelles pour mieux comprendre le passé et ouvrir la voie à un changement positif.
La 10e édition du Festival International de Cinéma de Kinshasa se déroulera du 14 au 21 octobre dans divers lieux de la ville. Cette année, le festival propose une programmation riche, avec 114 films sélectionnés parmi 517 œuvres reçues, provenant de divers horizons. Parmi ces films, on compte 19 courts métrages documentaires, 54 courts métrages de fiction, 14 longs métrages documentaires, 16 longs métrages de fiction et 11 courts métrages d'animation. Une sélection spéciale de 6 courts métrages de fiction réalisés par des étudiants de l'INA sera également présentée.
Emmanuel Kuzamba