RDC-Goma : 20 jeunes femmes formées dans le cadre du programme “The Sisterhood table”

The Sisterhood table
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Parvenir à l’autonomisation de la femme congolaise, particulièrement dans cette partie Est de la RDC, est l’un des objectifs majeurs de cette formation à l’intention des femmes. Cinq domaines étaient au programme pendant environ 5 mois pour les 20 femmes venues de Goma (14) et Saké (6). Il s'est agi de  la digitalisation et la technologie, le leadership et la communication, la lutte contre les violences basées sur les genres, l’environnement et le climat, et l’entrepreneuriat.

Commencé à Uhuru Knowledge Center, dans le cadre de son programme genre, ce programme spécifique d’autonomisation des femmes dénommé “The Sisterhood table” a été lancé le 13 mai dernier à Sake, cité située à 27 km à l’ouest de la ville de Goma, au Nord-Kivu. Ça n'a pas été qu’un espace de discussion, mais une solution aux obstacles au développement personnel des femmes.

Évaluées sur 6 mois, les formations de la première cohorte ont duré moins que cela. Chacun des domaines concernés était facilité par une organisation partenaire et des intervenants différents. Des formations plutôt simples n’ont pris que quelques week-ends telles que celles en leadership transformationnel et storytelling. D’autres formations plus intenses ont pris plus d’une semaine, notamment celles en numérique ou en entrepreneuriat. Des incubateurs sont intervenus sur la résilience économique, l’économie circulaire et l’entrepreneuriat écologique.

Les formations ont eu lieu à Goma dans différents lieux dont The Congo Tree, Tulizo Elle Space, Afriyan de UNFPA et à Go innovation. Une autre cohorte de 20 femmes suivra les mêmes formations pour la même durée en début de 2024.

« Dans les deux prochains mois, nous allons évaluer et faire le suivi de cette première cohorte. On essaie de trouver des stages pour les filles qui ont terminé. Notre incubateur va accompagner celles qui aimeraient développer des projets. Et il y a aussi un programme de mentorat qui doit suivre avant de lancer l’appel à candidatures pour la prochaine cohorte en janvier 2024 », a précisé Emmanuella K. Bauma, coordinatrice de ce programme.

Ces femmes dont l'âge varie entre 18 et 28 ans ont été choisies de façon particulière parce qu’elles sont des leaders dans leurs communautés. Elles seront des ressources humaines principales dans les prochaines séances. Avec cette formation, elles renforcent leurs rôles dans leurs différentes communautés où déjà elles identifient des problèmes et proposent des pistes des solutions soit avec Uhuru Knowledge Center soit avec d’autres organisations pour faire des plaidoyers.

Aussi, elles devront restituer la totalité ou la partie de leur formation à d’autres jeunes de leur communauté. L’idée est d’avoir, dans deux ans, au moins 100 jeunes femmes bien formées dans des thématiques précises. Les 6 femmes de Saké vont continuer de travailler dans le programme genre de Uhuru Knowledge Center pour faciliter les sessions, proposer des formations qui répondent aux problèmes de la communauté, identifier les violences basées sur le genre et les lacunes et discriminations auxquelles les femmes font face dans leur développement personnel.

Cela parce que Saké se trouve au centre des conséquences des conflits armés autant que des catastrophes naturelles qui frappent cette partie du pays. Sa situation géographique fait d’elle un lieu stratégique et une barrière pour le chef-lieu de la province du Nord-Kivu ; mais également fait de Saké une des cités les plus fragilisées par les conséquences des conflits et des guerres.

En RDC, les femmes rencontrent des obstacles majeurs pour accéder aux opportunités économiques et à l’émancipation. Dans le domaine de l’éducation, la RDC est confrontée à de graves disparités entre les sexes, particulièrement lors de l’accession au niveau secondaire. Conséquence, les femmes sont 28% moins nombreuses que les hommes à avoir terminé l’école primaire, et seules 16,8% d’entre elles ont terminé le cycle secondaire, soit moitié moins que les hommes.

La participation des femmes au marché du travail en RDC est estimée à près de 62%. La majorité des femmes (69.7 %) travaillent dans la production agricole, suivie par la catégorie des entrepreneures (20,5%). Cette proportion est faible si on la compare aux autres pays : l’enquête 2013 de la Banque Mondiale sur les entreprises révèle qu’en moyenne 34% des femmes travaillent comme entrepreneures dans les pays étudiés.

Alors qu’elles représentent la majorité des travailleurs du secteur agricole (53%), leur accès à la terre et au crédit sont restreints, ce qui limite la productivité. De plus, selon l’Organisation internationale du travail (OIT), l’inégalité entre les sexes est de 20% en matière d’emplois classés « vulnérables » : 90,1% des emplois occupés par les femmes contre 69, 6% des emplois occupés par les hommes.

Cette situation persiste alors que de nombreux engagements internationaux appuient l’autonomisation économique des femmes, notamment le programme d’action de Beijing, la convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et une série de conventions relatives à l’égalité des sexes adoptées par l’Organisation International du Travail.

Emmanuel Kuzamba