RDC: Butembo observe une journée ville morte en mémoire des civils tués dans des manifestations anti-Monusco il y un an

Monument Historique au coeur de Butembo/Ph ACTUALITE.CD

Les activités sont paralysées ce mercredi 26 juillet en ville de Butembo (Nord-Kivu). A l'appel des mouvements citoyens dont la Lucha et des groupes de pression, les habitants observent une journée ville morte en mémoire des victimes, notamment des civils tués le 26 juillet 2022, il y a un an, dans des manifestations anti-Monusco. Au centre-ville, boutiques et magasins restent fermés. Il en est de même des stations services et des banques. Jusqu'à 15 heures locales, la circulation était timide. Des militaires et policiers sont déployés dans plusieurs carrefours stratégiques de la ville, notamment aux ronds-points Mgr Kataliko, VGH, Sonas et Soficom. 

"Ils sont en nombre important et bien armés pour parer à toute éventualité", a constaté le reporter d'ACTUALITE.CD. 

Entretien des tombes, messe et dépôt de gerbe pour honorer les victimes

Le 26 juillet 2022, Butembo, Beni et Goma vibraient sous le rythme des manifestations dites anti-Monusco, ces marches de protestation et journées ville morte organisées dans ces entités du Nord-Kivu par des habitants, essentiellement des jeunes, pour exiger le départ des casques bleus de l'ONU que les habitants accusaient de ne rien faire pour protéger les civils et maintenir la paix face aux violences accrues dans l'est du Congo. Ce mardi-la, alors que des jeunes manifestaient autour de la base de la Monusco à Butembo, dans la cellule bel air, des casques bleus avaient ouvert le feu sur les civils tuant 11 jeunes gens et blessant d'autres.

A Butembo, le collectif des manifestants de commun accord avec les proches des victimes avaient décidé de les enterrer ensemble, notamment au cimetière de Kitatumba, pour une question de mémoire.

Hier mardi, la veille de ce triste anniversaire, les membres des mouvements citoyens, groupes de pression et familles de victimes se sont rendus au cimetière pour un entretien des tombes. 

Ce mercredi, au-delà de la journée ville morte, une messe a été dite en mémoire des victimes à la paroisse catholique de Kitatumba avant le dépôt des gerbes de fleurs sur les tombes des victimes. 

"C'était important qu'on puisse saluer la mémoire des victimes. Nous avions jugé mieux de les enterrer ensemble pour une question de mémoire, mais aussi garder les traces de ces crimes commis par les casques bleus à Butembo. Ici nous avons 12 victimes, notamment 11 tués à Butembo et une à Kasindi (cité du territoire de Beni, frontalière avec l'Ouganda, ndlr). Ce qui explique la présence de ces 12 tombes. Nous voulons que la justice soit faite, que les auteurs et commenditaires de ces crimes soient arrêtés et jugés et qu'il y ait réparation, notamment que les familles des victimes soient indemnisées...La justice, c'est notre combat à venir", a déclaré à ACTUALITE.CD Jean-Pierre Kasma, l'un des fervents militants de la Lucha et qui avait pris part à toutes les manifestations anti-Monusco. 

Signalons que pendant ces manifestations de Butembo, trois morts avaient également étaient enregistrés dans les rangs des membres de la Monusco, notamment deux policiers indiens et un casque bleu marocain. D'après la Monusco, des manifestants avaient arraché des armes à des éléments de la police congolaise et tiré à bout portant sur les forces de maintien de la paix. 

A la suite de ces manifestations, la Monusco avait décidé de quitter Butembo. Sa base est fermée et son personnel évacué ailleurs.

Claude Sengenya