Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a conclu mercredi 28 juin 2023 la quatrième revue de l'accord de facilité élargie de crédit (FEC) pour la République démocratique du Congo (RDC). D'après un communiqué du FMI, l'achèvement de la quatrième revue a permis un décaissement immédiat équivalant à 152,3 millions de DTS (environ 203,3 millions de dollars EU) pour répondre aux besoins de la balance des paiements, portant le décaissement total à ce jour à 761,5 millions de DTS (environ 1 017 millions de dollars EU).
"L'économie de la République démocratique du Congo a fait preuve de résilience, malgré l'escalade du conflit dans l'est et l'effet persistant des chocs passés. La croissance est estimée à 8,9 % en 2022, avec une inflation plus élevée que prévu, car les dépenses publiques rapides ont accéléré la dépréciation du taux de change. Le conflit à l'Est a pesé sur les finances publiques ; des recettes inférieures aux prévisions en 2023 et des dépenses exceptionnelles plus élevées limitent les autres dépenses prioritaires. Malgré ces vents contraires, la performance au titre de l'accord de facilité élargie de crédit (FEC) reste globalement satisfaisante. Les perspectives de croissance restent favorables, tandis que les risques sont orientés à la baisse en raison du conflit dans l'Est, des élections de fin 2023 et des chocs défavorables sur les termes de l'échange", a dit Kenji Okamura, directeur général adjoint du FMI à l'issue de la discussion du Conseil d'administration.
Le déficit budgétaire devrait se réduire en 2023, indique le FMI qui précise que cette réduction soutiendra la politique monétaire dans la lutte contre l'inflation.
"La baisse des recettes et l'augmentation des dépenses exceptionnelles justifient le contrôle et la redéfinition des priorités des dépenses, avec la poursuite des efforts de mobilisation des recettes. Une meilleure efficacité des dépenses, des contrôles plus stricts des dépenses dans le cadre des procédures d'urgence et une meilleure gestion de la trésorerie amélioreront l'exécution du budget et dégageront de l'espace pour les dépenses sociales et de développement indispensables. Des progrès dans les réformes budgétaires structurelles, y compris celles liées à la fonction publique, à la subvention du carburant, à la chaîne des dépenses et au fonctionnement du Trésor, à la gestion des investissements publics et à la crédibilité budgétaire, sont nécessaires pour améliorer l'efficacité des dépenses et la gouvernance", a ajouté le FMI.
Pour le Fond, la volonté de resserrer encore l'orientation monétaire, de renforcer le cadre de la politique monétaire et de renforcer l'indépendance et les sauvegardes de la Banque centrale soutiendra la stabilité des prix.
"L'accumulation de réserves contribuera à renforcer la résilience face aux chocs extérieurs. L'adoption de réglementations pour la nouvelle loi bancaire renforcera la surveillance et la résilience financières. Les réformes visant à renforcer l'état de droit et le système judiciaire, à lutter contre la corruption et à améliorer la transparence dans le secteur minier et les finances publiques sont essentielles pour améliorer le climat des affaires pour l'investissement privé et la diversification économique. Prendre des mesures pour sortir de la liste grise du GAFI et mettre en œuvre le nouveau cadre LBC/FT sont également essentiels. La mise en œuvre de l'ambitieux programme climatique du pays serait également importante compte tenu de la vulnérabilité au changement climatique".
Depuis le début de l'année 2023, la RDC fait face à la dépréciation de sa monnaie face au dollar américain, mais aussi à l'augmentation de ses dépenses mensuelles. Lors de la 87ème réunion du conseil des ministres, le ministre des Finances Nicolas Kazadi avait annoncé que les dépenses publiques au cours du mois de janvier ont laissé un déficit de 496 milliards de francs congolais. En vue d'atténuer l’explosion des dépenses publiques enregistrée à la fin du mois de janvier 2023, Nicolas Kazadi a annoncé plusieurs mesures notamment la suspension du paiement de la dette publique intérieure.
Les rapports entre Kinshasa et les institutions de Bretton Woods se sont améliorés davantage depuis l'arrivée de Félix Tshisekedi au pouvoir. La RDC est en programme avec le FMI depuis juillet 2021. Après les deux premiers accords, les services du FMI avaient parvenu fin décembre 2022 à un accord au niveau des services avec la République démocratique du Congo sur la troisième revue de la Facilité élargie de crédit.
Clément MUAMBA