RDC : la ville de Kinshasa sans déchets plastiques, est-ce envisageable ? (des Kinoises s’expriment)

Photo/ Actualité.cd
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Ce 05 juin, le monde a célébré la journée mondiale de l’environnement autour du thème « combattre la pollution plastique ». A Kinshasa, la rédaction Femme d’Actualité.cd est allée à la rencontre des Kinoises. Comment pensent-elles que cette lutte est menée en RDC ? Est-il possible d’envisager la capitale sans déchets plastiques? 

« Je pense que oui, c’est possible de mener une vie normale sans sac plastique. Nous avons vu plusieurs solutions germer lorsque l’Etat congolais a interdit le recours aux sachets plastiques dans la ville. Nous avons aujourd’hui des emballages biodégradables, réutilisables et qui n’affectent pas vraiment l’environnement. Je trouve qu’avec de la volonté, c’est vraiment possible de parvenir à un monde sans déchets plastiques », explique Madeleine Ntumba qui brandit son emballage réutilisable acheté auprès d’un supermarché en ville.

Ce point de vue est également soutenu par Gabrielle Balaka qui évoque quelques astuces proposées par sa mère pour utiliser de moins en moins les emballages plastiques. 

« Il y a environ deux ans, à la maison, on achetait des paquets de bouteilles d’eau de 750 ml. L’année dernière, avec maman, nous avons suivi un documentaire sur le réchauffement climatique. Il y avait parmi les causes, les déchets plastiques qui bouchent les caniveaux et détruisent le sol agricole. Depuis ce jour, les petites bouteilles ont été remplacées par les bidons de 5 et 10 litres, les emballages biodégradables ont pris la place des sacs plastiques, des petits thermos ont également remplacées les bouteilles lorsque nous voulons conserver de l’eau, lorsqu’il nous arrive d’acheter des bouteilles d’eau en cours de route, nous prenons le soin de les écraser avant de jeter dans une poubelle », confie l'étudiante en communication sociale à l’Université catholique du Congo.

Et de renchérir, « en tout cas, je crois que si toutes les familles congolaises ou juste kinoises adoptaient des habitudes semblables,il y aurait moins de déchets plastiques dans les rivières de la capitale. Peut-être aussi que cela donnerait un tonus aux initiatives biodégradables ». 

La solution proviendrait-elle des solutions intermédiaires?

Anicette Mwamba, une diplômée en Communication visuelle de l’Académie des Beaux-Arts, est plutôt pour une utilisation modérée des plastiques en lieu et place de les éradiquer. 

« Dans les supermarchés, les grands marchés ou autres, les emballages jouent un grand rôle. Ceux qui évoluent dans le business savent également que le packaging ou technique d’emballage permet à la fois de conserver le produit et de soigner sa présentation. Généralement, l’être humain mange ou utilise ce qui le séduit par le regard. Les plastiques jouent un rôle important dans ce sens. Et les éradiquer, suppose que l’on devrait par exemple recourir aux papiers, cartons et autres. La plupart des produits en cartons ne marcheraient pas bien sur le marché. Je propose donc que le plastique soit toléré à un certain niveau ou que des solutions adaptées soient proposées ».   

Vendeuse de légumes, Béatrice Tuzolana estime que les sacs plastiques ne pourront pas disparaître du quotidien des kinois. « Lorsqu’on interdit le recours aux sacs plastiques, le gouvernement devrait aussi être en mesure de proposer une quantité importante de solutions disponibles. A Kinshasa, certaines personnes ne vivent que de la vente des sachets plastiques. Comment voulez-vous qu’ils mettent fin à ce commerce sans une offre valable ? Personnellement, j’utilise des sacs plastiques et dans mon quotidien le plastique occupe une place de choix. Il faut des solutions intermédiaires ».  

Recycler pour moins polluer

Pélagie Mutabazi et ses deux voisines vendent des bouteilles plastiques pour encourager le recyclage. « Cela va faire plus de 15 ans depuis que nous évoluons dans ce commerce. Nous avons des jeunes gens et des femmes qui parcourent la ville à la recherche des bouteilles plastiques. Ils nous les ramènent et nous les revendons à nos clients. C’est notre contribution dans cette lutte contre les plastiques. Au départ, ce commerce n’était pas très valorisé. Aujourd’hui, nous voyons de plus en plus de personnes qui achètent nos bouteilles pour les réutiliser », confie la sexagénaire.

Pour rappel, par souci de rendre la ville propre, le Gouverneur de la ville de Kinshasa avait signé le 21 janvier 2021 une note circulaire interdisant la production, l'importation, la commercialisation et l'utilisation des sacs et autres emballages plastiques dans toute la ville. Deux ans plus tard, la décision est loin d'être mise en œuvre dans les rues de la capitale, excepté les supermarchés qui ont intégré les emballages biodégradables. Pendant ce temps, les rivières de la capitale sont généralement bouchées à cause d’une présence excessive de ces déchets. 

Prisca Lokale