Grands Lacs : « le temps n'est plus encore aux accusations mutuelles, à la mise en cause de la bonne foi des uns et des autres et encore moins aux tergiversations » (Moussa Faki)

Photo d’illustration
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Aux assises de Bujumbura, au Burundi, les participants ont examiné du 2 au 6 mai 2023 les dernières évolutions dans la région ainsi que les progrès et les défis dans la mise en œuvre de l'accord cadre  10 ans après sa signature le 24 février 2013 à Addis-Abeba en Ethiopie.

Dans son mot, en marge de ces travaux, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine (CUA) a rappelé que la détérioration du contexte sécuritaire et la montée des tensions à l'Est de la République Démocratique du Congo inquiète au plus haut point l'ensemble des pays de la région ainsi que les organisations régionales, continentales et internationales. 

« L'exacerbation récente des tensions contraste de façon inquiétante avec l'optimisme qui a prévalu, il y a quelques temps dans la région, à l'optimisme se substitue l'inquiétude et un grand manque de confiance, cette situation délétère à l'atmosphère polluée menace dangereusement les conditions de paix, de stabilité et développement tant attendu dans la sous région », a-t-il dit dans son discours tenu samedi 6 mai devant l'assistance.

Face à cette tendance négative, Moussa Faki a salué la mobilisation des mécanismes régionaux africains en vue de les contenir et de trouver les solutions idoines aux problèmes posées depuis fort longtemps. 

« Je voudrais ici mentionner la 1140e réunion du conseil de paix et de sécurité de l'Union Africaine au niveau des Chefs d'État le 17 février 2023 qui a engagé à la coordination et la mise en cohérence des processus de Nairobi et de Luanda. Je voudrais également saluer la pertinence de l'approche globale portée par le processus de Nairobi de la Communauté d'Afrique de l'Est qui combine l'effort militaire et le dialogue politique. Je salue à ce titre le déploiement, en dépit des difficultés, de la force régionale de la Communauté d'Afrique de l'Est en République Démocratique du Congo pour freiner l'escalade de la violence », a fait remarquer le président de la Commission de l'Union Africaine.

Moussa Faki a noté que le manque de confiance et la méfiance entre les différentes parties prenantes est aussi à la base du non avancement de différentes initiatives pour aboutir à la paix dans la partie Est. Face à cette situation, il a rappelé la nécessité de passer à l'action pour changer la donne.

« Dans le même esprit de la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de février 2023, j'encourage vivement les forces militaires sur le terrain a une coordination étroite entre elles ainsi que les mécanismes existants tels que la Monusco et le Mécanisme conjoint de vérification élargi. En dépit des efforts persévérants entrepris par les uns et les autres, force est de reconnaître que les résultats concrets de nos démarches demeurent modestes. Les tensions n'ont pas baissé si elles ne se sont pas exacerbées, le déficit de confiance persiste voir s'approfondit, les solutions concrètes au-delà de l'expression des bonnes intentions attendent toujours. Nous sommes aujourd'hui arrivés à un moment de vérité et de décisions courageuses et stratégiques, je ne crois sincèrement pas que le temps est encore aux accusations mutuelles, à la mise en cause de la bonne foi des uns et des autres et encore moins aux tergiversations », a-t-il fait savoir dans son discours.

Le 24 février dernier, l’Accord-cadre d’Addis Abeba a totalisé 10 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales à savoir les Nations-Unies (ONU), l'Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région. L’Accord-cadre d’Addis Abeba avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC. 

Le 10e anniversaire de cet accord coïncide avec une nouvelle agression de la RDC par son voisin le Rwanda via la rébellion du M23 dans le Nord-Kivu.

Clément MUAMBA