Grands Lacs : Antonio Guterres réitère son appel à tous les groupes armés de déposer immédiatement les armes et rejoindre processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration

ACTUALITE.CD

Le Chef de l'État congolais, Félix Tshisekedi, qui assurait la présidence tournante du Mécanisme de suivi de l'accord cadre d'Addis Abeba, a lors du 11e sommet tenu à Bujumbura (Burundi) transmis le flambeau à son homologue le Président burundais, Evariste Ndayishimiye. Bien que le passage à témoin, les participants ont examiné du 2 au 6 mai 2023 à Bujumbura les dernières évolutions dans la région ainsi que les progrès et les défis dans la mise en œuvre de l'accord cadre  10 ans après sa signature le 24 février 2013 à Addis-Abeba en Ethiopie.

Dans son intervention, le Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres a déploré la détérioration de la situation sécuritaire depuis la résurgence de la rébellion du M23. Il a une nouvelle fois appelé les groupes armés dans la région à déposer les armes et à intégrer le processus de démobilisation et désarmement.

« Malgré nos efforts collectifs, plus d'une centaine de groupes armés congolais et étrangers opèrent aujourd'hui encore et menacent ainsi la stabilité de l'ensemble de la région des grands lacs. La présence de ces groupes armés, le M23, l'ADF, FDLR, CODECO, Red Tabara et d'autres entraînent des drames humains et des abus graves des droits humains y compris des violences sexuelles. Elles alimentent également la méfiance et les tensions récentes entre pays de la région. En RDC, depuis la résurgence du M23 en novembre 2021, plus de 500 000 personnes ont dû fuir et la situation dans la province de l'Ituri reste aussi extrêmement préoccupante. Il est temps que cesse la violence et je réitère mon appel envers tous les groupes armés déposez les armes  immédiatement  et rejoignez le processus de démobilisation, de désarmement et de réintégration », a lancé le Secrétaire Général des Nations-Unies dans son mot de circonstance.

Antonio Guterres a invité les différentes parties liées aux différentes initiatives diplomatiques au niveau de la région, à respecter leurs engagements et il s'est opposé contre tout type de discours séparatiste à la base de plusieurs conflits.

« J'exhorte également les responsables politiques communautaires à en finir avec le discours de haine et d'incitation à la violence. Toutes les parties doivent mettre en œuvre les décisions prises dans le cadre des processus de Luanda et de Nairobi sans délai et sans exception, seul le dialogue constant et sincère permettra aussi de trouver des compromis durable », a recommandé Antonio Guterres.

Aussi, a-t-il salué les efforts récents des dirigeants de la région afin d'éviter une escalade des tensions. Antonio Guterres a rassuré quant à l'accompagnement de son organisation à appuyer les différentes initiatives de paix.

« L'organisation des Nations-Unies et la Monusco continueront d'appuyer les initiatives régionales y compris la force régionale de la Communauté de l'Afrique de l'Est et j'appelle tous les partenaires internationaux à en faire de même. Je salue le consensus des acteurs de la région autour des mesures non militaires visant au désarmement, au retour et à la réintégration des groupes armés étrangers dans leurs pays d'origine. Et la lutte contre l'impunité représente une autre étape importante. Les auteurs des crimes transfrontaliers et internationaux doivent être traduits en justice », a ajouté le SG de l'ONU.

Ce 11e sommet s'est tenu dans un climat de recherche de la paix et de la sécurité dans l'Est de la République Démocratique du Congo avec en toile de fond, la mise en œuvre de l'accord de Nairobi et la feuille de route de Luanda à travers notamment le cantonnement des éléments du M23 et le déploiement des forces régionales de la Communauté de l'Afrique de l'Est. 

Le 24 février dernier, l’Accord-cadre d’Addis Abeba a totalisé 10 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales à savoir les Nations-Unies (ONU), l'Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l'Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région. 

L’Accord-cadre d’Addis Abeba avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC mais son application comme il faut a toujours été un problème que ça soit du côté de la RDC que du côté de ses partenaires.

Dans le cadre de cet accord, l’État congolais s’était engagé à réformer en profondeur le secteur de la sécurité, à consolider l’autorité de l’État dans les provinces de l’Est du pays et à promouvoir la réforme des institutions du pays. Les pays de la région avaient souscrit à respecter la souveraineté et l’intégrité du pays et à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures, à ne pas tolérer ni fournir une assistance aux groupes armés, à renforcer la coopération régionale, à ne pas héberger ni fournir une protection à des personnes impliquées dans des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, des actes de génocide ou des crimes d’agression et à faciliter l’administration de la justice grâce à la coopération judiciaire dans la région.

Quant à la communauté internationale, le Conseil de sécurité de l’ONU s’engageait à rester saisi de l’importance d’un soutien à la stabilité à long terme de la RDC et de la région des Grands Lacs.

Clément MUAMBA